De son véritable nom Melissa Prewitt, Etta Britt est une chanteuse de R&B, soul et blues, établie à Nashville. Entre 1979 et 1985, elle a milité au sein du trio de country, Dave & Sugar. En 1989, elle s’est mariée à Bob Pritt, un guitariste de studio notoire. Il faut attendre 2011 pour qu'Etta publie son premier album personnel, "Out of the shadows", sous la houlette de son époux.
Texan, Delbert McClinton est auteur/compositeur/interprète. Agé de 73 ans, il est particulièrement populaire dans l’univers de l’americana, la musique des racines. Mais ce multi-instrumentiste (guitare, piano, harmonica) jouit également d’un excellent crédit dans les milieux du blues. De toute bonne facture, son dernier album, "Blind, crippled & crazy", remonte à 2013.
Bob Britt est le guitariste du Delbert McClinton touring band. On comprend ainsi mieux la corrélation entre le vétéran et Etta, qui a donc décidé de lui rendre hommage à travers cet elpee.
Pour former son backing group, Etta n'a pas du aller chercher bien loin. Si son cher Bob se charge des guitares et Steve MacKey (Pulp) de la basse, elle a entraîné dans l’aventure trois musicos de McClinton, dont le claviériste Kevin McKendree (NDR : auprès de son leader depuis 1997), le drummer Lynn Williams et la saxophoniste Miss Dana Robbins. L’opus réunit 12 plages, dont neuf sont issues de la plume de Delbert ; en outre, cinq sont extraites de "One of the fortunate few", paru en 1997.
Dès "Somebody to love you", on est plongé dans le bain. Un blues bien rythmé parcouru par la voix caractéristique, au timbre un peu cassé, d’Etta ; une voix idéalement forgée pour ce type de répertoire. Les musiciens sont parfaitement soudés et soutiennent parfaitement leur maîtresse d'un jour! Un riff cher au fidèle Bob colore l'atmosphère d’"Old weakness", une piste qui fleure bon le Sud. McKendree se déchaîne sur ses ivoires. La production met bien en exergue les chœurs masculins de Scat Springs et George Pendergrass, alors que la voix d'Etta mène bien son tout ce petit monde. Et si ce n’est pas une surprise, une pointe d’émotion nous envahit lorsque Delbert rejoint sa protégée pour chanter "Boy you better move on". Miss Britt aborde "Starting a rumor", sa première ballade, une chanson empreinte de délicatesse et de sensibilité, balisée par les cordes de son bien-aimé. Retour au rythme et notamment au funk pour "Lie no better", un morceau que Kevin fait macérer dans le Memphis R&B, à l’aide de son orgue. "Every time I roll the dice" constitue une parfaite illustration de la cohésion entre les musicos. Et on imagine, alors un Rod Stewart, qui viendrait poser sa voix, comme à la plus belle époque des Faces. Excellent ! Tendresse et émotion inondent "You were never mine", une compo caractérisée par des chœurs bouleversants. McKendree a très bien assimilé le style néo-orleanesque. Et il le démontre sur "Best of me", une plage aux rythmes syncopés. Etta interprète successivement le "I'm with you" de Mickey Jupp et une superbe cover de "New York City", un morceau que l’orgue et les cordes de Bob chargent de groove. "The jealous kind" est issu de la plume de Bobby Charles, un hit de ce chanteur/compositeur louisianais, considéré comme un spécialiste du swamp pop et du pur cajun. McClinton l'avait adapté, il y a bien longtemps. "When I was with you" achève ce long playing. Kevin et Etta signent cette chanson destinée à rendre un hommage personnel au maestro, un titre au cours duquel la complicité entre l'orgue et la guitare est à nouveau remarquable…