Confiant dans son potentiel, Will Stratton place d’emblée la barre très haute, dès le premier titre de cet opus. Sublime, le titre maître plane au-delà des plus hautes cimes folk. Talentueux, ce jeune compositeur vient à peine de fêter ses 27 ans ; et pourtant, « Gray Lodge Wisdom » constitue déjà son cinquième long playing. Son tout premier, « What the Night Said », remonte à 2007 ; et il avait bénéficié du concours de Sufjan Stevens, au hautbois… Gage de qualité ?
Victime d’un cancer des testicules de stade 3, l’artiste semble avoir surmonté l’épreuve ; mais vu son état de santé, son inspiration a probablement été décuplée. Si bien que son nouvel essai nous entraîne sur les chemins tortueux du folk, tracés par son idole de toujours, Nick Drake. Finement ciselé, son songwriting en est d’ailleurs digne. Pourtant ce « Gray Lodge Wisdom » ne paraît pas pour autant assombri par la maladie ; car s’il aborde bien le sujet (‘Why sing about death/When I just almost died?’) le ton général de l’album est lumineux (« Long Live the Hudson River »). Le fingerpicking de Will Stratton rappelle souvent celui de feu Drake, le mythe britannique. Il n’est jamais ennuyeux ni démonstratif et sert les mélodies de ses arrangements délicats, comme sur le titre susvisé, pour lequel il a bénéficié de la collaboration de The Weather Station. Sa voix claire, boisée, permet, en outre, à certains morceaux de s’élever dans la stratosphère (« The Arrow Darkens »)… Tout au long de l’œuvre, Will accomplit sa mue pour le plus grand bonheur des mélomanes qui ne jurent que par la perfection acoustique...