Kim Wilson est incontestablement un des plus grands harmonicistes blues de la planète. Et il l’a démontré aussi bien chez les Fabulous Thunderbirds que tout au long de sa carrière personnelle, radicalement et authentiquement blues ! Natif de Detroit, Kim est aujourd'hui âgé de 56 ans. Il a passé sa jeunesse en Californie, mais son aventure musicale n’a réellement commencé qu'en 1974 ; c'est-à-dire lorsqu'il s’est fixé dans le Texas. A Austin, très exactement. Il y fonde les Fabulous Thunderbirds en compagnie du guitariste Jimmy Vaughan.
En 1997, Kim avait commis son deuxième elpee solo. Intitulé "My blues", il était paru sur le label Blue Collar. Le présent album a été réalisé par Kim en personne. Il réunit des sessions datant de l'enregistrement de "My blues" et épingle des versions alternatives de titres issus de l’opus ainsi que des plages inédites. Un petit trésor pour les nombreux admirateurs de l'artiste. Sur ce Cd, figurent sept plages qui figuraient sur l'album originel, mais aussi autant de titres non retenus pour la plaque.
Elle aligne d’emblée deux prises différentes et alternatives de "Oh baby". Un shuffle bien nerveux marqué par l'harmonica. Impérial, cet instrument dirige toute la manœuvre. Je préfère cependant la version qui ouvre le disque. Plus courte, son impact est plus direct. On imagine même facilement l'artiste se produisant juste devant nous. Faut dire que son blues sans la moindre fioriture est interprété avec tellement de présence et d'autorité. Bénéficiant du concours de deux cuivres, en l’occurrence Tom Fabre au saxophone et Scott Steen à la trompette, "Everything I do is wrong" amorçait l’elpee "My blues". Sans guitare, cette plage mettait en exergue le talent d’un Fred Kaplan étincelant et virevoltant devant son piano et une section rythmique chargée de groove, constituée de Larry Taylor et Richard Innes. Les mêmes musiciens sont reconduits pour attaquer l'instrumental "Hop, skip and jump". Entre les deux versions de "Tryin' to make a livin'", la seconde semble la plus saignante. Faut dire qu’elle implique le concours très perceptible du grand Junior Watson aux cordes, dont l’intervention ici est tout à fait exceptionnelle. Rusty Zinn coopère aux cinq derniers morceaux dont "Gumbo blues" et "Break it up". Adepte du style de Junior Watson, il se révèle particulièrement brillant. Cheval de bataille des concerts de Kim Wilson, "Tell me why" est le théâtre de la plus époustouflante partie de musique à bouche! La claque! Et puis, le tracklisting réunit également des compos qui n'ont pas passé le cap de la sortie officielle de l'album. Tout d’abord "Bea's boogie". Bien entendu un boogie. Un boogie marqué par la versatilité du pianiste et la sortie sur le fil du rasoir de Jr Watson. "Irene" ensuite. Un swamp blues proche de Guitar Slim. Imprimé sur un tempo particulièrement paresseux, il semble sortir des faubourgs de Baton Rouge. Un style qui colle à la peau de Kim. "Mambo crazy" est une plage instrumentale percutante. Dynamisée par le rythme exotique du mambo, elle frôle la perfection. Kid Ramos est impressionnant à la guitare. Les changements de rythme sont bien huilés. Les roulements de caisse d’Innes irréprochables et l'harmonica chromatique de Wilson au sommet de son art. Le riff d'Elmore James, imposé par le Kid sur sa slide, sculpte le chicago blues classique "Blues eyed baby". "Born blind" est un exercice de style proche de l'un des maîtres de Kim : Sonny Boy Williamson II. En particulier son "Eyesight to the blind". Et pour être complet, sachez que l’œuvre recèle encore deux instrumentaux, "Come and git it" et le titre final, modestement intitulé "Instrumental Take 3". Cet album ne bénéficiera pas d’une distribution officielle. Vous pourrez cependant vous le procurer lors des concerts accordés par Kim ou en vous branchant sur le site de Bluebeat Music. Il devrait être suivi par deux autres volumes. Fans de Kim, soyez attentifs!