Il y a une bonne dizaine d'années que les disques de Kevin Coyne n'étaient plus distribués officiellement chez nous. C'est chose faite pour la sortie de son vingt-septième album, "Tough and Sweet". Faut d'ailleurs croire qu'il a beaucoup de choses à nous raconter, puis qu'il nous propose 21 chansons en un peu moins de 70 minutes. S'il n'hésite pas à recourir aux boîtes à rythmes, aux synthés ou aux arrangements symphoniques pour pasticher, avec beaucoup d'humour le monde contemporain, il n'a pas pour autant oublié ce qui a toujours caractérisé son expression, c'est à dire le folk punk. Ponctuant l'opus, "The Creeper" émarge même carrément au punk pur et dur. Comme Peter Hammill, il sait à merveille limiter l'accompagnement à ce qui est nécessaire et choisir les instruments à employer en fonction des émotions qu'il connaît et qu'il éprouve. Des émotions qu'il canalise un peu à la manière d'un Tim Buckley grâce à sa voix. Une voix capable d'hurler, de geindre ou de s'extasier avec toujours la même dimension dramatique. C'est elle qui s'exprime avant tout. Elle est rauque, ou grinçante, toujours fascinante, véhiculant une fureur et une intensité vertigineuses. C'est d'ailleurs ce qui donne à cet album cet étrange parfum de séduction et de conviction qui se moque du temps et des modes.