C’est bien entendu l’un des albums de l’année et beaucoup de choses ont déjà été dites, et écrites à son sujet.
Réveillant les passions secrètement endormies dans les alcôves de nos souvenirs de mélomanes aguerris, « Lost In The Dream » est un album-phare, n’ayons pas peur des mots.
Synthétisant l’essence même du Rock en dix plages.
Comment ?
La formule reste jalousement gardée par son mentor, Adam Granduciel, qui du reste, sans en être pleinement conscient, restitue ici la trame des albums dits ‘classiques’.
Car tout y est, du début à la fin.
D’abord, cette production tout en finesse, qui enveloppe les titres sans en faire trop, une production assurée par Granduciel lui-même et qui confine à l’excellence.
Riche en détails et pourtant d’apparence si brumeuse, quasi-mystérieuse.
C’est que l’ami Adam aime prendre son temps. Et on ne saurait que lui donner raison.
Pourtant, et c’est là toute la force de cette production, la spontanéité n’est jamais prise en défaut.
Si le mix final s’est compté en heures, semaines, mois de labeur (frisant parfois la folie), aucun détail n’est superflu.
Et puis ensuite, bien sûr, il y a les morceaux en eux-mêmes.
Là encore, on est sans cesse secoué, renvoyé aux grands mythes de l’Americana, de Springsteen à Dylan ou tout simplement embarqués dans leurs enivrantes bal(l)ades intérieures propres.
Les chansons de The War On Drugs ont leurs propres codes, leurs propres vie.
Elles sont comme les couches de peau qui habillent le squelette de leur géniteur.
Le propos ne respire pas l’optimisme (au sortir de la tournée de l’album précédent, Granduciel est tombé dans la dépression et la conception de cet album a donc été sa catharsis), mais ne sont pas lestées de grandiloquence défaitiste. Au contraire, certaines envolées lumineuses sont autant d’appels à l’espoir.
De ce rêve dans lequel Granduciel n’est donc pas le seul à se perdre, il y a tant à retenir qu’il n’est dès lors possible que d’y plonger entièrement.
Et au petit matin, quand la lumière s’invite au travers des paupières closes, c’est pour espérer prolonger encore un moment la magie de l’instant.