Chronique un peu tardive de l'album de Rone. Mais l'occasion de revenir sur ce Français qui est devenu l'un des artistes de musique électronique les plus prisés, au cours de ces dernières années. Erwan Castex a le grand mérite de toucher un public assez jeune grâce à des compositions mélodiques et des arrangements délicats influencés par la musique classique. Ses concerts, qui drainent des foules considérables, prouvent en effet qu'il n'est pas toujours nécessaire d'asséner des gros beats et des sons saturés pour s'attirer l'adhésion des moins de trente ans.
Ce talent pour les textures agréables lui a notamment valu la reconnaissance et le soutien de Massive Attack, Laurent Garnier ou Jean-Michel Jarre. "Tohu Bohu", deuxième réalisation pour Infiné, est avant tout un album à écouter chez soi ou sur une autoroute. Il oscille entre ambient, electronica et techno downtempo. On le rapprochera des premiers travaux Neo-Trance d'artistes comme Gui Boratto, Natan Fake, James Holden et Max Cooper. C'est particulièrement le cas sur le morceau le plus hymnique "Parade" ou sur "Fugu Kiss". On a aussi comparé le résident berlinois à Radiohead dans ses moments les plus électroniques. Il y a, en outre, un petit côté lyrique voire symphonique dans ses compositions comme sur "Icare", sur lequel il a reçu la collaboration du violoncelliste Gaspar Claus ou "Beast (Part2)".
Le mini album qui accompagne la deuxième édition de "Tohu Bohu" est bien plus que du remplissage destiné à relancer les ventes suite au succès toujours grandissant du natif de Boulogne-Billancourt. Il me semble même supérieur. La nouvelle version de "Let's Go", pour laquelle il a reçu le concours du rappeur High Priest (Anti-Pop Consortium), est bien plus intéressante. Et l'on appréciera aussi la rencontre avec John Stanier des Battles sur l'envoûtant et cinématographique "Pool". "Tag" et sa techno hypnotique est également une réussite.
Rone sortira son prochain opus "Creatures" le 9 février prochain. D'ici là, il est encore temps de se plonger ou de se replonger dans les paysages rêveurs de "Tohu Bohu". Une oeuvre qui porte bien mal son nom tant elle est propre et bien ordonnée. Un peu trop peut-être.