L’identité musicale francophone a toujours éprouvé certaines difficultés face à l’hégémonie anglo-saxonne.
Enfin, c’était l’évidence, il y a quelques années.
On ne compte plus les groupes ou artistes qui ont tenté de se convertir au rock insulaire, en utilisant, au mieux, la langue de Voltaire comme lien salutaire (ou salivaire, c’est selon), et au pire un accent franglais qui faisait sourire, dans le meilleur des cas.
À côté de ces nombreux échecs cuisants, on discerne néanmoins quelques magnifiques exceptions, groupes frondeurs qui ont ouvert la brèche à la nouvelle génération.
Aujourd’hui, plus question de s’incliner respectueusement ou révérencieusement devant les pontes d’outre-Manche ou issus du Nouveau Continent.
Et de cette époque trouble et pourtant pas si lointaine, subsistent encore quelques fiers représentants.
Daytona, groupe lyonnais actif depuis 1990, appartient à cette race d’intègres défenseurs d’une identité propre, malgré de solides références étrangères.
Une Pop variée, non avariée, loin de la variétoche, en somme.
Dans cette mouvance initiée pat Noir Désir, Diabologum, Les Thugs ou encore Sloy, ramant à contre-courant, le pied enfoncé dans la fourmilière, il n’était pas toujours aisé de faire son trou.
En résulte une carrière en dents de scie pour Daytona, qui nous revient aujourd’hui sous un nouveau line up, mais en affichant une même et farouche intégrité.
Si le succès n’est pas une donnée scientifique sur laquelle on peut miser à coup sûr, ils n’en reste pas moins que les cinq titres de “Morceaux De Lune” ont le potentiel pour se démarquer du mælström musical actuel.
Poésie Pop et ouverture musicale, mélodies accrocheuses et riffs efficaces.
Tels sont quelques uns des ingrédients présents d’un bout à l’autre de ce disque.
Ma systématique réserve face à la langue de Molière, héritée de ces années citées en tête d’article ne semble pas avoir altéré mon jugement. Preuve de l’équilibre de l’ensemble.
Le phrasé lui-même s’avérant une arme de séduction redoutable (principalement à mon sens sur “Comment”).
Toute introspection n’est cependant pas exclue, car on se retrouve plongé dans un monologue cinématographique intriguant sur le palpitant “Ce Soir Là”, caractérisé par son accent ‘Mogwaien’ à couper au couteau.
Bref, oubliant toute appréhension passéiste, je découvre ce groupe avec grand plaisir et vous invite à faire de même.
Car outre l’évidence de morceaux hyper efficaces, on rencontre ici une certaine intelligence dans le propos qui rend cet Ep indispensable.
Et le premier qui fait référence à Indochine prend mon pied au c** !