Chez Okkervil River et Shearwater on retrouve Will Sheff et Jonathan Meiburg. Seule différence au sein du premier groupe Jonathan est le boss et du second, Will. Deux projets forts intéressants au sein desquels le second rôle n’empiète jamais sur les prérogatives du leader et constitue le complément idéal. L’an dernier, Shearwater avait commis « Palo Santo ». Aujourd’hui, Okkervil nous propose son cinquième opus. Un disque dont le mixing a été confié au fidèle Brian Beattie et à Jim Eno, le drummer de Spoon. En 2005, le précédent elpee, « Black sheep boy » avait reçu une excellente critique de toute la presse. Et il devrait en être de même pour ce nouvel album, même s’il ne repousse plus les limites du folk punk mélancolique et impétueux pour embrasser une expression plus pop. Ce qui n’empêche pas les lyrics de se révéler toujours aussi torturés, acerbes et désabusés. Mais surtout très susceptibles de susciter la controverse. Comme la perte d’identité, le sacrifice, la folie, etc. Si le timbre vocal de Will semble camper un hybride entre Will Johnson (Centro Matic) et Win Butler (Arcade Fire), ses inflexions me rappellent curieusement celles de Robert Plant. Surtout sur les compos les plus douces et mélancoliques. A l’instar de « A girl in port » de « Title track » (drôle de nom pour le tire d’une chanson ») et surtout du délicat et intimiste « Savannah smiles », plage balayée de cordes atmosphériques et teintées d’accords particulièrement séduisants de xylophone. Des arrangements de cordes et parfois même des cuivres sont parsemés judicieusement tout au long de cet opus. Des cuivres plus Cake que Calexico sur le guilleret et ‘motownesque’ « A hand to take hold of the scene ». Et si l’instrumentation est très riche, la guitare et le piano tracent manifestement la ligne de conduite des mélodies. Les six cordes sont même percutantes sur le single contagieux « Our life is not a movie or maybe », abrasives ou déchiquetées tout au long de l’intense « Unless it’s kicks » et rythmiques dans l’esprit de Ron Wood des Stones lors de l’entraînant « You can’t hold the hand of a rock and roll man », même si en fin de parcours les cordes épousent des sonorités davantage ‘crazyhorsiennes’. Et les accords de piano le plus souvent plaqués par Jonathan Meiburg, transcendent littéralement ces mélodies. Deux morceaux curieux quand même. Tout d’abord « Plus ones », un fragment cours duquel Will utilise des titres de chansons célèbres écrites notamment par les Commodores, REM, Paul Simon, ? & The Mysterians et les Zombies. Et puis en final, un « John Allyn Smith sails » au cours duquel la formation pastiche le traditionnel « Sloop John B » immortalisé par les Beach Boys et les Byrds de Roger McGuinn. Et je ne vous en dirai pas plus, vous renvoyant à l’interview que Will Sheff nous a accordée.