New York nous a déjà offert quelques surprises intéressantes sur le plan du blues ; d’ailleurs personne n’a oublié l’ogre Popa Chubby, pape du blues-rock de la Grosse Pomme ! Du côté du Lower East Side, TK Webb évolue dans un style totalement différent. Après l’unanimement acclamé « KCK » paru sur le label indé The Social Registry en 2005, il poursuit son œuvre loin des longues démonstrations instrumentales lors d’un second elpee inclassable, fruit d’un mélange de folk et de blues rugueux. Jouissant d’une excellente section rythmique, les compositions reposent sur des rythmes extrêmement laid-back, soutenus mais très ‘cools’, lents mais au sens ‘lancinant’ du terme. Un style de jeu souvent négligé aujourd’hui…
D’un point de vue vocal, TK Webb nous épargne les grotesques imitations de Howlin’ Wolf auxquelles se livrent beaucoup de bluesmen blancs ; sa voix un peu haut perchée a quelque chose de ‘dylanesque’, à l’instar du morceau « Lesser Dude » qui n’aurait pas dépareillé sur l’album « Highway 61 Revisited » ; mais lorsqu’il s’attaque au blues aride comme sur « Wet Eyed Morn », celle-ci se fait soudain rocailleuse et usée, comme tout droit sortie d’un gosier du Mississippi.
Aucune surproduction mais une orchestration d’une grande finesse (les touches fantomatiques de lap steel sur « Phantom Parade, le piano de « Lesser Dude »…) Au final, un résultat inclassable et coloré, beaucoup de talent et de l’authenticité à revendre. Une musique de cœur et de tripes.