Quand on parle de Todd Rundgren, on pense immédiatement au rôle essentiel de producteur qu'il a joué pour des artistes comme les Tubes, New York Dolls, Patti Smith, Psychedelic Furs, XTC et plus récemment Pursuit Of Happiness. Et pourtant, tant au sein de Nazz, en compagnie d'Utopia ou en solitaire, il s'est illustré par toute une série d'albums avant-gardistes. Certains n'ont d'ailleurs pas hésité à proclamer que le Philadelphien était à la techno ce que Zappa était à la musique concrète. Nous n'irons pas jusque là, mais il faut admettre que sur tous ses disques, les références au regretté Zappa sont nombreuses. Début 80, il a ainsi poussé le délire en trafiquant un elpee totalement a cappella par la technologie moderne. Aujourd'hui, il s'exprime en termes d'interactivité. Pas seulement ‘live’, puisque ce "No World Order" constitue le premier opus totalement conçu en CDI. Evidemment pour pouvoir bénéficier d'une telle lecture, il est nécessaire de se procurer l'équipement adéquat. A vos portefeuilles, donc! Pour vous donner une petite idée des performances de cet appareil, l'album est enrichi d'un deuxième disque, présenté sous la forme d'un ‘medley’ du premier; tour à tour remixé par Bob Clearmountain, Don Was, Jerry Harrison et Hal Willner. Pour être plus précis, ce CDI vous permet de moduler à l'infini, suivant vos goûts et vos affinités, une matière première. Chaque instrument bien sûr, mais également la voix, le tempo, et plus surprenant encore, le climat émotionnel. Ce "No World Order" adopte un profil fondamentalement ‘dance’. Ce qui n'empêche pas Todd d'y injecter ses riffs de guitares acérés, luxuriants, et de nous envoûter de ses célèbres inflexions vocales à la fois chaudes et impérieuses. Nous finirons par croire que ce Rundgren est un extra-terrestre !