Etrange et délicieuse, cette fusion de références est à première écoute incompatibles. Pensez donc, parvenir à liquéfier en une même solution sonore le minimalisme ambiant de Brian Eno, la bubblepop des Archies, le krautrock de Neu et de Faust, la cacophonie urbaine de Kraftwerk, l'underground ténébreux du Velvet, le psychédélisme de Sonic Boom, la noisy de My Bloody Valentine et la musique d'avant-garde de John Cage ou de Terry Riley relève de la gageure. Pourtant, c'est ce que Stereolab est parvenu à réaliser sur ses deux premiers albums, "Peng" et "The Groop Played Space Age Batchelor Pad Music". Et au sein de cet espace partagé entre manipulation de bandes et instrumentation plus (?) conventionnelle (guitare, basse, claviers, moog, tambourin et percussions diverses) flotte la voix frigide, glaciale, impassionnelle de Laetitia récitant, un peu à la manière de Nico, sa prose hostile au gouvernement conservateur des Iles Britanniques. "Transcient Random-Noise Bursts With Announcements" s'inscrit presque parfaitement dans la lignée de ses précédents albums. Presque, puisqu'il implique un fragment d'un peu plus de dix-huit minutes tout simplement fabuleux. Sculpté dans l'électricité obsessionnelle, blême, hypnotique, passionnelle, "Jenny Ondiolin" nous entraîne à la rencontre de l'aventure, de l'invention et de la découverte ; une composition dont la texture fascinante rappelle les meilleurs moments de Pale Saints.