Originaire de l'île de La Réunion, Robi, aka Chloé Robineau, publie son second elpee, ce 26 janvier 2015. Il s’intitule « La Cavale ». Elle avait réalisé des débuts prometteurs en 2013, en gravant un premier elpee baptisé « L'Hiver Et La Joie », disque qui faisait suite à un Ep 6 titres éponyme paru en 2011. Des morceaux comme « Je Te Tue », « Où Suis-Je » ou « Ma Route », interprétés en compagnie de Dominique A. sortaient largement du lot.
L’image de la pochette nous montre une artiste habillée de noir ; un climat sombre reflété pleinement dans les textes de certaines chansons.
« L'Eternité » ouvre la plaque. Il s’agit du single qui a précédé la sortie du long playing. Une plage qui confirme la singularité de l'artiste qui s'inspire largement du mouvement cold wave et en particulier de Joy Division. Exprimés dans la langue de Voltaire, les lyrics évoquent à la fois Bashung, Noir Désir et Barbara. Agée de 32 ans, elle a pris de la bouteille. Elle a ainsi participé activement à la réalisation de son premier clip, aidée par Frank Loriou (direction photo), de Fabien Pouillaut (chef opérateur) et de Romain Wagner (effets spéciaux). La gestuelle de la chamane et son regard perçant voire troublant accentuent le mystère. Sa pop est nonchalante. Tout au long d’« Etre Là », sa voix se fait tour à tour frustre ou douce, dominatrice ou séduisante. Parfois, le tout à la fois. Il est cependant nécessaire d’écouter les compos à plusieurs reprises pour s’imprégner de l’ambiance créée par l'instrumentation.
« Devenir fou » dépeint un univers triste et mélancolique. Poétesse des temps modernes, elle exprime ses angoisses, ses névroses et ses doutes. Au départ, la ligne de basse est névrotique, puis le refrain propage sa contagion. Cette musique est susceptible de vous rendre dingue. La voix de Robi communique facilement ses émotions. Le lien est fait. Caractérisé par ses synthés, « Nuit de fête » opère un véritable retour vers la fin des années 90, une piste dont la mélodie vous prend aux tripes, alors que la basse s’y révèle à la fois sauvage et enjôleuse. « Danser » est une compo supposée inviter au dancefloor ; mais la fin de parcours s’avère bien plus tourmentée. Hantée par un violoncelle, « Le Vent » est une plage obsessionnelle. A la limite de la persécution, mais sans jamais vous agresser… « A Cet Endroit » est sans doute le morceau le plus accessible. Très belle chanson, « Le Chaos » est empreinte de réalisme. Languissant, « A Toi » adopte un refrain répétitif. « Par Ta Bouche » opère la liaison idéale avec le dernier titre, « La Cavale ». Le titre maître. Il clôt le disque à la perfection. Une compo remarquable. Ténébreuse. Froide. Glaciale même. Et paradoxalement chaleureuse, en même temps. Ce disque est à savourer par doses homéopathiques. Afin d’y déceler toutes les subtilités qu’il recèle…