Harmoniciste canadien, Roly Platt jouit d’une excellente réputation tant en ‘live’ qu’en studio. Il est capable d’aborder une foule de styles différents. Depuis le jazz au swing, en passant par le blues, et même la musique de films et les jingles… Il a côtoyé, sur les planches, des vedettes canadiennes comme Dutch Mason, Matt Minglewood, Ronnie Hawkins, Roy Young ou Suzie Vinnick. Les compos sont majoritairement instrumentales. Et pour cause, Roly ne chante qu’à de très rares occasions.
"Put it where you want it" ouvre le bal. Bien rythmée, cette piste est mise sur orbite par le piano de Lance Anderson. L’intervention à l’harmo est propre, subtile, mais également entraînante. La guitare de John Tilden vient y ajouter son grain de sel. Neil Chapman libère ses cordes aux accents légèrement métalliques alors que Platt rivalise de créativité tout au long de "Mad River", un boogie allègre et plein de charme. Steve Strongman est chanteur/guitariste. Un Canadien. Et à chacune de ses interventions, c’est le bonheur. Ce sera le cas à deux reprises. "Goodmind to wonder" est un blues imprimé sur un tempo bien enlevé. La voix est excellente. Poussé dans ses derniers retranchements, Roly brille, une nouvelle fois, de mille feux. Agité par des percussions, "Congo strut" concède des accents jazz. Les échanges opérés entre l'harmonica, le piano électrique d'Anderson et la guitare de Tilden ne manquent pas de relief. Le thème musical d'"Over the rainbow" date de la fin des années 30. La mélodie est superbe. Roly Platt se la réapproprie. Ce véritable esthète a la même sensibilité dans le dialogue que notre Toots Thielemans. Il ne se borne pas à un style particulier, et se remet constamment en question. "Rippin' i tip" est un pur rock'n'roll, dans le style de Jerry Lee Lewis. Lance Anderson prend son pied aux ivoires, alors que pour la première et seule fois de l’opus, Roly est au micro. Mais pas seulement, car il souffle avec puissance et discernement. Superbe blues lent, "Ocean of tears" a été co-écrit par Roly et Steve Strongman. L’intervention vocale de ce dernier est bouleversante. Mr Platt nous rappelle sa passion pour Ray Charles. Il interprète ainsi brillamment et successivement deux de ses titres, "I got a woman" et "Georgia on my mind". "Funk Shui" met bien en exergue l'orgue Hammond de Lance Anderson. Très intéressant, cet opus s’achève par "Bartender's Blues", une compo acoustique, intimiste, écrite par James Taylor, et interprétée par Jordan John, chanteur torontois notoire.