Un bien bel objet que cette réédition limitée du premier album d’Asgeir Trausti Einarson (je vous épargne les accents et l’accent), sorti en deux mille douze.
Enième livrée d’un même opus, certes (voir chronique ici), mais présentée avec goût.
Récapitulons pour les absents :
Suite au succès national de son tout premier enregistrement dans la langue de ses ancêtres, le jeune Asgeir s’engage à conquérir le monde, comme ses glorieux aïeux, jadis.
Décidé à ne pas se les geler éternellement dans ses paysages givrés, il décide ensuite d’enregistrer le même disque, dans la langue universelle : l’anglais.
Une excellente initiative qui lui permet de lever les amarres et de voir du pays (et nous étions présents lors de ses passages aux confins de nos territoires)
Peu à peu, le lutin, architecte en congères, se fait une place au soleil.
Le reste appartient à la légende, consignée avec soin, à la fin du livret, par Asgeir en personne.
Mais plus qu’une jolie histoire, la musique d’Asgeir recèle bien des charmes.
D’abord, le petit farfadet possède un bien joli organe vocal et sa musique, subtilement boisée dans une forêt électronique, a de quoi faire chavirer bien des cœurs en dehors de son seul pays de glace.
Pourquoi alors ressortir à nouveau ce disque ?
Outre l’aspect marketing, il faut bien avouer qu’on ne décèle pas de véritable raison, si ce n’est contaminer d’autres fans, en attendant la sortie de nouveautés.
« In The Silence » reprend donc l’idée de la double version, mais l’édition limitée offre un troisième volet en bonus, sur lequel nous attarder ultérieurement.
Les deux premiers CD’s sont donc des jumeaux, à l’exception de la langue.
Bien sûr, à quelques exceptions près, au sein de notre lectorat, nous ne trouverons que des amateurs de la version anglaise. Certes, la VO est fort agréable à écouter en mangeant des marshmallows au coin du feu sur une peau de phoque synthétique. Mais nous garderons cette option pour les futures soirées d’hiver.
Pour l’heure, revenons à ce silence (in English, please), cher à Asgeir.
Un beat en suspension, bientôt rejoint par une caresse pianotée et la voix d’ange vient se poser délicatement.
Plus qu’une recette, presque une marque de fabrique.
Tout le monde n’aime pas la neige, mais au demeurant, presque tout le monde est d’accord sur le fait que voir danser des flocons dans un ciel étoilé a quelque chose de magique.
Et bien, c’est cette métaphore qui sied aux compositions de notre habitant des contrées nordiques.
S’ils s’en trouvent pour se lasser rapidement d’un tel spectacle, d’autres, à l’âme toute retournée, n’hésiteront pas à venir coller leur nez à la fenêtre encore et encore, à l’écoute de cet album, ma foi, fort bien réalisé, produit et exécuté.
Le jeune homme disposant d’un joli minois, on comprendra aisément que son auditoire se compose d’une majorité de cœurs sensibles et autant l’avouer, principalement féminins.
Les orchestrations sont fignolées (cuivres et cordes) et le résultat subtil et charmant.
Le single « King And Cross » se démarque quelque peu de la mêlée et justifie son choix de fer de lance.
Mais « Head In The Snow » remporte lui tous mes suffrages.
Sinon, pour son efficacité, « Torrent » se pose là comme titre phare au milieu de cet opus, en embuscade dans cette fausse torpeur initiée par l’ensemble des chansons, avec ses assauts aux allures militaires de Vikings frondant les océans.
Un titre qui se dévoile ensuite pudiquement, mais en affichant la même grâce sur le troisième disque, consacré aux chutes de studio, remixes divers et… à une reprise déstabilisante.
Prenant soin de confronter le feu à la glace, l’Islandais nous gratifie d’une cover du « Heart-Shapped Box » de Nirvana ; mais du bout des doigts.
Sa voix de tête s’élevant bien au-dessus des cimes.
Bref, « In The Silence » enfonce le clou, là où « Dýrð Í Dauðaþög » traçait une voie royale aux pieds de ce talentueux bonhomme des neiges.
Et s’il s’agit du même disque, on s’en fout un peu, parce que au demeurant, comme dans un film, on optera pour la version qui nous plait.