Initié à l’aube de l’odyssée de l’espace, ce projet aux contours flous rebondit donc après treize années en apesanteur.
Évolution nébuleuse qui l’a vu atterrir sur la surface faussement plane du label Dead Ocean dès deux mille douze (l’album « I Love You, It’s Cool », épinglé en son temps par Pitchfork) et permet dès lors à Jon Philpot, la tête et le cœur de Bear In Heaven, de concrétiser ses idées en les matérialisant sous forme de groupe à part entière.
Ainsi, « Time Is… » relève autant des introspections de son mentor que du subtil équilibre susceptible de se créer au sein d’un band.
Bien entouré, le commandant Philpot met donc en orbite dix titres naviguant entre une électro maligne et une variante élégante du Krautrock.
La voix douce de notre pilote en chef fait office de parfait contrepoint à la pâleur fantomatique de l’ensemble aux sonorités clairement figées dans un âge de glace (à vrai dire, les eighties, l’âge d’or du genre).
Quelques incursions de guitares noyées de reverb’ se reflètent dans cet édifice de verre, pas aussi poli qu’on pourrait imaginer.
Maîtrisant son univers, Bear In Heaven ne craint pas de mettre ici des chœurs, là d’évidentes mélodies qui passent comme une hostie à la messe ou encore dans certains recoins, d’obscures nappes de brume qui se dissipent avec grâce et lenteur.
Le voyage se déroule donc de manière on ne peut plus agréable, et c’est peut-être le seul reproche qu’on pourrait faire à cette œuvre, qui manque parfois d’un sursaut de gnaque.
Mais il est des rêves vaporeux qui se passent très bien de tout accroc.