Beaucoup d’humour et d’excentricité chez cette formation louvaniste décrite par le magazine Humo comme le Mano Negra des Plats-Pays. « L’amour sans pédales » constitue leur premier album, un disque qui a reçu le concours de Jean-Marie Aerts à la production. Les Talons Gitans se nourrissent d’éclectisme. D’abord Alain Louis, le vocaliste principal, jouit d’un timbre ample et pose des inflexions surprenantes. Il chante tantôt en français, en espagnol ou en dialecte louvaniste. C’est également le guitariste, percussionniste, etc. Ensuite, les douze plages de cet opus tirent un peu dans toute les directions, depuis le single « Arlette », sorte de croisement improbable entre Adriano Celentano et Enio Morricone au final « Yamilet », tango languissant et sensuel, en passant par le reggae « Adrien le Suisse », au cours duquel Alain pastiche littéralement Bob Marley, les flamencos « Vlam » et « Vraa van », malgré les accès de violon dramatiques concédés sur ce dernier, dans un style proche de Blaine Reininger, « Esmeralda » et « Angel » deux morceaux country manifestement inspirés par Johnny Cash, Alain empruntant même lors du second fragment, un timbre de crooner, le volatil « La bohème », flottant entre rumba et gypsy, le semi ska/semi sirtaki (mais sans les bouzoukis) Thessaloniki », le paso doble « Telkens weer », le punk minimaliste « Mouton » et enfin le folk « Vuurhout » ; sans oublier le titre maître, dont la fièvre électrique évoque Noir Désir, alors que la véhémence des textes contraste avec leur insignifiance. Manquait plus qu’un peu de Krautrock et Les Talons Gitans auraient pu pédaler dans la choucroute.