Max Cavalera figure au panthéon des personnalités encore de ce monde qui perpétuent l’esprit du Metal. Quand il quitte Sepultura, au milieu des nineties, formation dont il était le co-fondateur avec son frère, c’est pour monter un nouveau groupe, Soulfly. Nous sommes en 1997, et il ouvre un nouveau chapitre de sa carrière. Adoptant des accents brésiliens et flairant bon le Neo Metal, le quatuor a depuis lors fait du chemin et entrepris un pèlerinage vers de nouveaux horizons. Oubliez le soleil plombant, les cactus et autres instruments exotiques, ce nouvel LP poursuit le virage entamé depuis quelques années dans les paysages de l’ombre.
Telle une toile baroque, l’artwork d’Archangel met en exergue une sorte de guerrier, armé d’une lance finissant par le logo tribal du band, embrochant une créature émergeant des ténèbres. Une ambiance sombre et sinistre rencontrée dès les premières notes de l’ouverture de bal, le morceau évocateur « We Sold Our Souls To Metal ». On ne tergiverse pas, ça cogne directement et brutalement. Les trente premières sont dignes d’un skeud de Cannibal Corpse. A s’y méprendre. C’est dire ! Bien que lorgnant de manière insistante sur le Death, Soulfly ne se cantonne néanmoins pas ici à imiter le style mais promène ça et là ses compositions tantôt dans une sauce Mathcore (sur le titre éponyme « Archangel ») ou plus généralement Heavy (« Shamash » et « Bethlehems Blood »). Mais ce 10ème opus, c’est également l’occasion d’inviter quelques potes tels que Al Jourgensen, leader de Ministry, sur l’emphatique morceau « Sodomites » ou encore Matt Young, chanteur de King Parrot, sur un très intéressant et survitaminé « Live Life Hard ! » Certainement un des morceaux les plus captivants de cette plaque.
Autant ne pas se mentir, « Titans » ne va pas révolutionner le Metal. Ce qui n’empêche pourtant pas de passer un bon moment si, et seulement si, on oublie le Soufly de la fin des années 90. Père Cavalera a visiblement décidé de ranger la couleur musicale de son pays et d’adapter ses compositions à sa voix, de plus en plus grave au fil du temps. Après avoir réservé ses marques de noblesse au Thrash et forgé une facette folklorique au Neo, Cavalera et sa bande prennent ici leurs marques dans les enfers du Death. Un album lourd, dense, très susceptible de tomber dans la récurrence, mais sauvé brillamment par de fréquentes envolées Heavy à la guitare. Une nouvelle mue pour Soulfly, désormais totalement assumée.