Après avoir publié deux albums studio, accompli une tournée en compagnie de la formation (belgo)-américaine Pro-Pain, écumé les planches du festival de Dour en 2010 et 2012, sans oublier celui du Brussels Summer Festival et du Graspop, l’an dernier, Komah n’est manifestement plus un inconnu sur la scène Metal belge. Signé chez Spinal, le quintet francophone nous propose son troisième album, « Flashing Nightmare », un disque qui pourrait furieusement lui permettre de rejoindre les incontournables heavy bands du plat pays.
Tout en teintes de noirs et de rouges, le digipack (le jewel case devient aujourd’hui une espèce en voie de disparition) affiche en couverture, un homme qui, se relevant de son fauteuil de cuir, lutte contre le téléviseur, installé devant lui, pour ne pas se faire absorber par les ondes qu’il libère, malgré un masque à gaz qui recouvre l’intégralité de son visage. L’éternelle lutte du ‘je t’aime, moi non plus’ entre l’être humain et les médias. C’est d’ailleurs par le grésillement caractéristique, très cinématique, de chaînes de télévision, que débute cet LP, avant de tailler directement dans le gras à travers un « Bullets Replaced Words » qui, comme son titre l’évoque, entame déjà ses munitions. Pas le temps de s’échauffer, le rouleau compresseur prend directement sa vitesse de croisière. Les riffs sont lourds et accrocheurs, s’autorisant quelques envolées heavy sur certains morceaux. Les parties vocales alternent entre cris rageurs et chants plus lancinants. Le drumming est ravageur, insufflant aux compositions cette vitesse et cette puissance destructrices, pondérées par des breaks ou des passages plus lents qui permettent de reprendre son souffle afin de mieux repartir en guerre.
Komah a également eu l’intelligence, depuis ses débuts, de ne pas s’enfermer dans un style particulier. Ils font du Metal, point. Une liberté à double tranchant, que seul des musiciens chevronnés peuvent se permettre s’ils veulent tirer efficacement leur épingle du jeu. Des exemples ? Komah est un groupe qui puise notamment son inspiration dans une partie du Thrash. En témoignent les riffs groovy d’ouverture de « Walking Ghosts » que Dimebag Darrell de Pantera aurait très bien pu sortir de sa gratte, il y a plus de vingt ans. Pas étonnant par ailleurs que les Belges aient choisi ce morceau pour single, incontestablement la meilleure piste de cet opus. Celui qui ne ‘headbangue’ pas à son écoute ne peut avancer que deux justifications : soit il est sourd, soit il n’a rien compris ; et il ferait alors mieux d’éjecter le cd de son lecteur.
La Belgique, terre du Hardcore, fait également sentir ses influences. A l’instar de « Buried », au cours duquel le chant en est teinté, tant en lead que lors des ‘I’m constrained / I’m detained’ prononcés lors des refrains assurés en backing vocals, où apparaissent en filigrane des traces de Sick of it All, Madball ou autre Agnostic Front. Un dernier pour la route : le dixième titre, « So Sick ». Fermez les yeux. Je vous le donne en mille : l’image de la bande à Machine Head traverse votre esprit. Et c’est une fois de plus dans ces circonstances que le savoir-faire du groupe apparaît : s’en inspirer sans se laisser submerger. Est-ce donc un hasard ou parce qu’il cherche à adresser un clin d’œil, que Leny, le vocaliste de Komah, crie en fin de morceau : ‘Yeah !! Blackened !!’ ?
En publiant ce 3ème long playing, Komah semble avoir atteint un nouveau palier, confirmant un statut en Belgique, qui devrait lui permettre –et on l’espère franchement– de franchir, dans un futur plus ou moins proche, les frontières parfois fort étanches du pays. Tous les ingrédients sont en tout cas dans la marmite, il ne reste plus qu’à traduire l’énergie contenue dans ce « Flashing Nightmare », en live, sur les planches. Guidé par la bonne étoile, le destin devrait faire le reste…