Il existe un laboratoire incroyable, à l’abri des regards indiscrets. Il est situé dans un quartier de New-York, ville mythique s’il en est. Le soir venu, Sharkey & C-Rayz Walz s’y rendent afin d’assembler des prototypes, des robots prêts à servir leur cause. Fabriqués de pièces de hip hop, de funk et de soul, les éléments se vissent les uns aux autres par un savant dispositif électro, pour naître en machine à groover. Une fois montées, ces braves mécaniques sont lancées dans la ville avec pour mission d’exorciser nos peurs et laisser les beats prendre possession de notre âme.
La première pièce de l’engin qui se présente à nous, s’intitule tout naturellement « Bird Of Ratio Di Laboratorie ». Cette intro à la batterie, déformée par la console, laisse apparaître un « This Of Twisted World » en seconde position qui ouvre un univers electro/funk extraordinairement péchu et entraînant. On crie au génie ! C’est une explosion de paillettes, de cols pelle à tarte et coiffure afro qui débarque dans les oreilles. S’ensuivent quelques excellents titres qui se détachent petit à petit du funk, pour pénétrer plus directement dans le hip-hop. « Jumping Off At The Jump Off » vient siffler la trêve. Un morceau dont la touché sensuelle est apportée par la voix de Maia Banks. Le combat peut reprendre et semble gagné d’avance quand débarque « Forgotten ». Introduit de manière sublime, il déverse à lui seul tout le charme de l’album. On peut cependant rester dubitatif lors d’une plage comme « Electric Avenue », un titre dance qui semble perdu au milieu des autres ou « That Moment Before Crazy » où la noirceur et le côté lugubre du hip hop trônent un peu trop facilement. Hormis ces deux exceptions, cet elpee s’avère fabuleux, prêt à vous faire marcher au pas. Babygrande (Snowgoons, LCOB, Blue Sky Black Death,…) peut être fier de chaperonner de tels artistes. Ces deux 2 laborantins du son ont mérité toute leur confiance en s’associant sur l’opus. Ils arrivent même à nous foutre la chair de poule, quand à la fin d’une chanson apparaît un message inquiétant : ‘Ce monde crée des monstres, c’est le pays le plus fort qui survit’… Glup !