Quatre ans après avoir commis « Dark Island », les vétérans de la scène post/rock expérimentale sont de retour pour un onzième album. Une formation britannique toujours emmenée par la chanteuse Rosie Cuckson, la véritable âme du groupe.
Tout au long des quatorze titres de cet opus, on baigne au sein d’une ambiance feutrée, visionnaire, envoûtante, complexe (NDR : les mauvaises langues diront un peu trop), fruit d’un mélange d’électro, de pop et de jazz. Xylophone, flûte, cuivres, guitares et orgues se fondent parfaitement dans l’ensemble. Mais lorsqu’un morceau nous embarque, on ne sait jamais où il va nous emmener.
« The Empty Quarter » amorce l’opus. Une compo désenchantée qui sied bien à l’image du groupe. Cette atmosphère perdure tout au long de « Salt and Sand », moment choisi Rosie Cuckson pour poser son timbre vocal lugubre, rappelant, par son intonation, celui de feu Nico, la femme fatale du Velvet Underground. Entrecoupé par quelques séquences instrumentales, cet elpee recèle quelques excellentes plages. A l’instar du magnifique « Beluga », au cours duquel, l’intrépide voyageur ouvre, en quelque sorte, une boîte à musique aux sons épurés, tout en éprouvant un sentiment de solitude et de mélancolie. Un sentiment de brève durée, l’aventure bifurquant par « Blind Tiger », une étape dont l’ambiance trip-hop flotte sur les mêmes ondes que Portishead ou encore Jay-Jay Johanson.
Pram explore de nouveaux territoires aux frontières difficilement franchissables. Lugubre et parfois fantasque, « The Moving Frontier » est à déconseiller si vous avez les idées noires. Usant de beaucoup de lyrics cryptiques, Pram parvient néanmoins à nous transposer dans un univers unique en son genre. Un voyage que l’on ne regrette cependant pas ! Plus intimiste et lent, « The Moving Frontier » constitue sans aucun doute l’œuvre la plus énigmatique commise par cet ensemble insulaire, à ce jour. Une chose est sûre, il confirme la bonne forme actuelle du sextet issu de Birmingham.