Sexagénaire, Stones Jack Jones est un personnage au parcours plutôt atypique. Loin du rêve américain, il est né dans une famille de mineurs et a passé son enfance en Virginie. Il choisit pour pseudo Stones Jack Jones, un patronyme qui évoque davantage un alcool frelaté que celui d’un songwriter. Et se produit dans les clubs de ‘striptease’, avant de s'installer à Nashville, où il se forge une certaine notoriété. S’il a gagné un combat contre la maladie, il faut reconnaître que cet artiste n’est toujours pas enclin à faire la fête. Rien qu’a regarder sa mine austère, on a plutôt envie de compatir. Et son nouvel opus, "Love and Torture", ne laisse pas entrevoir le moindre coin de ciel bleu dans son univers sombre.
Sa voix est rauque. Son americana noir et mystique. Un peu dans l’esprit de Wovenhand. Pas étonnant quand on sait que David Eugene Edwards et Stones Jack Jones sont issus des Appalaches.
« Shine » est une ballade solennelle à la mélodie efficace. Le ton est donné. Et il est obscur. L’instrumentation est parfaitement équilibrée : banjo, mandoline, harmonica, harpe, tout y passe, sans jamais que la musique ne puisse sembler surfaite. Mais c’est la voix de l’Américain qui fédère l’ensemble. Kurt Wagner (Lambchop) joue de la guitare sur « Circumstance », alors que pour « Ships », c’est la chanteuse country Patty Griffin qui vient donner de la voix.
A l’écoute de « Love and Torture », il faut avouer qu’on ne se fend pas la gueule. Cependant, la charge émotionnelle y est considérable ; à tel point que cet opus pourrait servir de tremplin à une profonde introspection.