Dans l’univers du jump et du r&b, BB & The Blues Shacks figure certainement parmi les meilleurs blues bands européens. Drivé par les frères Michael et Andreas Arlt, respectivement chanteur/guitariste et harmoniciste, le line up est complété par le pianiste/organiste Fabian Fritz, le bassiste Henning Hauerken et le batteur André Werkmeister. Un groupe qui compte une importante discographie à son actif. Son dernier opus, "Businessmen", remonte à 2014. Pour enregistrer ce nouvel elpee, le band a invité une vocaliste sud-africaine, Bonita Niessen. Ce qui explique le titre du long playing.
Qui s’ouvre par "Don't call me babe", un brûlot nerveux imprimé sur un tempo particulièrement. Bonita et Michael se partagent judicieusement les vocaux. Fabian se consacre à l’orgue et Michael s’autorise son premier billet de sortie. Barbara Lynn (NDR : une chanteuse texane) avait décroché un hit en interprétant "Love ain't never hurt nobody". La voix de Bonita est un véritable délice tout au long de cette plage de soul/pop dansante. Le style de prédilection des Blues Shacks, c’est le jump. Et ils le démontrent tout au long de l’irrésistible "Turn the lamps down low", une composition signée Leiber & Stoller. Michael brille sur ses cordes ; il est rapidement talonné par son frère à l'harmo. La voix de Miss Niessen est veloutée sur "You keep me hanging on", un titre trempé dans la soul. Les Shacks rockent et rollent sur la cover du "This little girl's gonna rockin'" de Bobby Darin ; ce qui permet aux ivoires de Fabian Fritz et aux cordes de Michael de se réserver des sorties irrésistibles. Puissance et panache guident la voix de Bonita sur le "Give me time" de Magic Sam, une piste qui agrège blues et soul. "Sure cure for the blues" opère un retour dans le r&b et le jump. Un tube décroché par les Four Jacks, en 1952. L’adaptation est excellente. Les solos de Michael, Andreas et Fabien se succèdent. Traditionnelle, "You're driving me crazy" est une chanson qui remonte aux années 30. Elle a été interprétée par de nombreux artistes légendaires, dont Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Frank Sinatra et Sarah Vaughan. Soutenue par le piano particulièrement inspiré de Fritz, la voix de Bonita est convaincante. Et elle l’est tout autant sur "I'll be there", une ballade signée Bobby Darin. Cocktail de swing, jazz et jump, "Satisfy my soul" est un morceau issu de la plume du pianiste de jazz Buddy Johnson. Les frères Arlt s’y illustrent en exécutant de superbes envols sur l'harmonica et la guitare. "Bad news" est un blues chargé de swing. La voix de Bonita s’y révèle naturellement puissante. Les deux vocalistes se partagent le micro sur le classieux "I'm a fool for you", un titre soul que James Carr avait traduit en succès au cours des sixties. Feutré, "Be cool" est un autre traditionnel. "I'm lonesome" nous entraîne dans un West Coast jump d’envergure. C’est avec grâce que Bonita interprète cette compo signée Jimmy Preston, alors que mis sur orbite, les frangins Arlt et Hauerken (NDR : sur sa lourde basse acoustique) se déchaînent. D’excellente facture, cet elpee s’achève par le "Never let me go" de Joe Scott, une ballade soul.