Il s’agit déjà du 16ème opus de Renaud. Et il est éponyme. Mais il a bien secoué la blogosphère, avant qu’il ne soit publié.
Considéré comme un des artistes les plus prolifiques de sa génération, Renaud avait quitté sa tanière provençale, il y a quelques mois, suite à l’invitation de Grand Corps Malade. Ce qui avait débouché sur la sortie de « Ta batterie », compo qui figure d’ailleurs sur le nouvel elpee.
De quoi évidemment laisser présager un retour du Parisien, dans le creux de la vague, depuis un bon bout de temps.
C’est par « Toujours debout », un titre à la fois vindicatif et à contre-courant, que le chanteur a choisi d’inonder les ondes radiophoniques.
Baignant dans une mélodie très pop dans son approche, il clamait alors haut et fort sa résurrection (une énième) tout en réglant au passage ses comptes avec des paparazzis qui, jamais, ne l’ont épargné.
Le texte, mollasson à souhait, pouvait laissait craindre un contenu du même acabit !
Il n’en est heureusement rien ! Si certaines chansons restent effectivement décevantes comme « La nuit en taule » ou encore « Mon anniv’ », le gaillard n’a pas perdu pour autant de sa verve légendaire pour dépeindre les aspérités de la vie et l’ignominie humaine.
Notamment lorsqu’il dénonce les évènements tragiques récents liés aux mouvements intégristes. A l’instar de « J’ai embrassé un flic » au cours duquel il évoque l’après attentat dont a été victime la rédaction de Charlie Hebdo, à travers la marche du 11 janvier 2015 et « Hyper Casher » qui retrace l’attaque de Vincennes. Les mots rappellent combien le peuple tout entier a souffert de l’imbécillité d’une minorité !
Les faits sociétaux sont dépeints avec autant d’amertume que de mélancolie. La jolie « Petite fille slave » révèle la prostitution à laquelle des filles issue de l’Europe de l’Est doivent se soumettre.
Meurtri au plus profond de sa chair, l’homme affiche une sensibilité à fleur de peau lorsqu’il évoque les siens dans le rétroviseur de la vie. En particulier son fils Malone Séchan sur « Petit bonhomme » (une très jolie ballade) et sa petite fille (« Heloïse »).
De toute évidence très attendu, tant par les fans que la critique, l’album, certes inégal, est de bonne facture !!
Les dix ans de galère qu’il a traversés, contre vents et marrées, n’ont certainement pas altéré son talent !
Contrasté, ce dernier format ne manque pas de piment et marque le retour d’une icône. Même si on l’a connu plus touché et plus inspiré dans le passé ! Le combat est différent, plus timoré ! Et l’ennemi a changé !
Tantôt soutenu par un accordéon, un piano ou une guitare, il chante d’une voix particulièrement fragile. Signe du temps qui trahit des excès en tout genre !
Mais cette imperfection vient à point et renforce davantage le spleen qui coule dans les veines du Sieur. Ce qui rend encore plus bouleversant l’écoute de cette (ultime ?) œuvre !
Alors ‘Docteur Renaud, Mister faiblard’ ? De toute évidence, toujours debout !