In Flames appartient à cette catégorie de formations qui semblent nées, il y a peu de temps, alors qu’elles comptent au moins un quart de siècle d’existence. Il est vrai qu’on ne s’en rend pas toujours compte. Et quoi de mieux, au final, que de fêter ses vingt-six bougies en offrant à ses fans, un enregistrement public. Il remonte à deux ans (le 8 novembre 2014, pour être précis) et a été immortalisé au ‘Scandinavium’, mythique salle de spectacle suédoise de la ville côtière de Göteborg. Et le choix de ce lieu n’est en rien dû au hasard : le quatuor voulait en effet enregistrer ce live sur ses terres. ‘C’est notre ville d’origine et c’est juste génial pour nous de pouvoir rendre quelque chose à cette ville qui a vu naître nos premiers pas’, explique le vocaliste, Anders Friden. ‘C’est un superbe endroit pour y jouer. Après le show, je me suis rendu compte que je ne savais pas encore combien de temps le Scandinavium allait encore exister. C’est donc une bonne chose de garder une trace de cet endroit, parce que c’est vraiment un stade légendaire. Je me suis rendu à des tonnes de concerts de Metal ici au cours de ces dernières décennies. J’y ai vu tous mes groupes favoris’. Un endroit donc symbolique, autant pour les artistes qui se produisent ce soir-là que pour les quelques 10 000 aficionados qui se sont déplacés en masse en cette soirée automnale. C’est donc un Scandinavium archi sold out qui attend de pied ferme les stars du Metal mélodique.
Des lumières bleues électriques scintillent sur le bas de la scène, masquée par un énorme rideau noir. Les baffles crachent les premiers riffs de « In Plain View », titre d’ouverture de « Siren Charms », sorti à peine deux mois avant la captation. Anders Friden lance son premier cri de guerre, donnant le signal pour la chute du rideau et l’explosion d’une nuée de confettis dorés dans toute la salle. Le ton est directement donné : les Suédois ont décidé de tout donner ce qu’ils ont dans le ventre. Pas de décor ni même de backflag, la prestation des artistes est au cœur du show. Casquette frappée du logo du band sur la tête, Anders s’époumone comme un beau diable, alternant hurlement et chant plaintif. Sourire aux lèvres la plupart du temps, les autres artistes lancent de temps à autre des regards complices à la fosse, mais restent principalement concentrés sur leur instrument. Pas besoin de gesticuler inutilement, plus rien à démontrer : les Suédois sont venus partager leurs compositions qui, au fur et à mesure des années, sont passées d’un Death Metal mélodique clairement identifié à un son à la ‘In Flames’, incomparable.
Une heure et demie de show nourries par onze elpees studio. Autant dire que les musicos avaient l’embarras du choix, même si la sélection n’a pas été des plus simples. D’ailleurs, les plus anciens morceaux sont passés à la trappe. ‘Si nous avions interprété les morceaux de chaque album, nous aurions pu y passer toute la nuit…’, plaisante Björn Gelotte, un des deux guitaristes. ‘Ce DVD est pour toute personne qui nous a suivis le long de notre carrière, avec des morceaux des premières années, de l’époque intermédiaire et de la nouvelle ère. Notre audience est vraiment diversifiée, c’est incroyable. Il me semble qu’on est devenu une sorte de pont dans le Heavy Metal, depuis qu’on joue de la musique agressive, mais néanmoins toujours accessible’. Un constat qui se confirme par les nombreux plans pris de la foule, fans d’hier et d’aujourd’hui, constamment occupés à chanter les morceaux à tue-tête ou clamant le nom du band entre les morceaux.
De la fosse aux balcons, les amateurs de sonorités puissantes ont fait un voyage dans le temps, la set list transitant de « Resin » (’99) à « Rusted Nail » (’14), en passant par « Only for the Weak » (’01), « Fear is the Weakness » (’11) et « The Quiet Place » (’04). Les titres incontournables, tels que « Cloud Connected » ou, en final, « Take This Life », ont évidemment entraîné l’ivresse de masse qui leur revient. Alors que le gâteau était déjà bien appétissant, on a alors droit à une belle cerise sur le gâteau, déposée par Emilia Feldt, la soprano danoise, lorsqu’elle vient poser la voix sur « When The World Explodes ». Beau et bon, ce ‘live’ est en outre particulièrement intéressant, car, après l’avoir visionné, on se surprend à se dire : ‘Ah ouais, quand même…’ En un peu plus de 90 minutes, In Flames parvient à démontrer toute la palette musicale déployée au cours de ces deux dernières décennies. Un groupe qui a grimpé petit à petit les échelons pour devenir, aujourd’hui, un des incontournables de ce Metal inclassable, toujours inconfortable quand on souhaite le mettre dans tel ou tel tiroir, mais désormais reconnu de toutes et tous. Si le band scandinave n’avait pas fait l’impasse sur ses premières années de carrière, davantage Death Metal, ce DVD aurait été parfait.