Ce chanteur/compositeur est originaire de Portland, dans l’Oregon. Aujourd’hui âgé de 50 ans, il a pas mal bourlingué : du Texas à la Californie avant d’aboutir à Memphis, dans le Tennessee. C’est alors qu’il a tout le loisir de s’exprimer à travers sa musique, essentiellement ancrée dans le folk et la country. Cet admirateur de John Prine et de Jerry Jeff Walker publie son premier elpee en 1994, "Songs for the Daily Planet" (NDR : le Daily Planet était un club de Memphis où il se produisait souvent), sur le label MCA. Depuis, il a gravé une quinzaine d’albums. Il s’est désormais établi à Nashville ; et vient de réaliser son premier opus studio, depuis 2012. Todd a également un sobriquet : Elmo Buzz. Et tout au long de cet "Eastside Bulldog", il donne vie à ce caractère en réalisant son LP le plus rock ! Alors qu’il sort rarement de sa solitude, il a bénéficié, pour la circonstance du concours d’un véritable groupe. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du jam band de David Schools, le notoire Widespread Panic. Une formation qui implique le saxophoniste Dennis Taylor, le pianiste/organiste Jen Gunderman et le drummer Mark Horn. Les sujets de ses compos abordent tout ce qui forme l’univers d’Elmo Buzz : les voitures, les femmes, les ‘parties’, les concerts en club et Hank Williams Jr. Bref, un ensemble de thèmes nécessaires pour passer la nuit dans East Nashville. Enfin, les chansons ont pratiquement été improvisées en studio.
Rock’n’roll énergique, "Hey pretty boy" donne le ton de cet LP. La guitare est accrocheuse. Piano et saxophone combinent. D’allègres répliques vocales ripostent au chant du leader. Dans le même style, "37206" est traversé par le saxophone hurleur de Taylor. Moins enlevé mais dansant, "The funky Tomato" est sculpté dans le funky blues. Et les interventions d’orgue me rappellent Sam the Sham and the Pharaohs (NDR : Texan, Sam est aujourd’hui âgé de 80 ans). Excellent, "Eastside Bulldog" oscille entre rock’n’roll, surf et blues. Entretenues par le Farfisa et la gratte, les sonorités sont savoureusement surannées. Le saxophone se libère sur le débridé et festif "Check it out", une piste dont l’attitude est très proche du punk. Une formule entraînante qu’on retrouve sur "Are you with me". Instrumental, "Bocephus" est vraiment remarquable. Omniprésent, le saxophone s’autorise un flirt avec l’orgue, au sein d’un climat qui évoque une musique dispensée en club, il y a un peu plus d’un demi-siècle. "Enough is enough" adopte un profil bien plus blues. "Ways and Means" rappelle étrangement le "Should I say or should I go" de Clash, un morceau qui remonte à 1981. Et il est épatant ! Trop court (NDR : 24’ seulement !), cet elpee s’achève par "Come on up", une compo dont l’ambiance à la fois blues et rock est toujours le fruit d’une belle improvisation.