Autant le savoir à l’avance : Blackest Sunset a l’intention de nous balancer, mais gentiment, un pavé dans les dents. Une courte intro mystique, ponctuée de voix psalmodiées en arrière-plan, déroule assez brusquement un tapis noir pour « Kingdom of Sorrow », la plage titulaire de l’elpee. La voix puissante de Thibault Brassart, tantôt gutturale, tantôt hurlée, vient s’y poser et domine le paysage. L’air est saturé, la pression est constante, le Deathcore des Montois vous attrape par la gorge dès les premiers riffs et ne desserre jamais l’étreinte. Une mise sous étau qui nécessite dès lors plusieurs écoutes afin d’en apprécier réellement la saveur, sous peine de passer à côté d’une recherche musicale assez impressionnante pour un premier effort. En effet, Blackest Sunset use des codes du Deathcore, mais sans s’y empêtrer, en y insufflant d’autres influences musicales ; à l’instar du thrashy « This Darkest Night », « Forever Empty » ou encore « Ascension of Evil », des morceaux subtilement saupoudrés de Black Metal. Les onze pistes de cet opus vous entraînent au cœur d’un tourbillon de violence, au bout duquel, machiavéliquement bousculé, vous terminerez à bout de souffle. Pour être sincère : il ne faut pas trois plages pour comprendre où le quintet veut en venir. Mais alors que la formation pourrait, à la première écoute distraite, laisser l’impression qu’elle creuse sans cesse les mêmes sillons, les musiciens parviennent néanmoins à s’en extraire à plusieurs reprises, que ce soit par des breaks très intelligents ou par des sorties de route totalement imprévues. Un album très prometteur, où la richesse se niche définitivement dans les détails.