Ce folk singer anglais est originaire de Leeds. Sa musique a traversé plusieurs générations. D’une voix instantanément identifiable, enchanteresse, ce gratteur classieux avait entamé son parcours, à la fin des années 60. Dès 1967, il se produit alors dans les clubs de folk, à Londres. Et il publie son tout premier elpee, "Rainmaker", en 1969, chez Harvest.
L’an dernier il a donc célébré ses 50 années de carrière. Il est considéré comme un des artisans du développement de ce style musical insulaire, volontiers progressif, aux côtés de John Martyn et Roy Harper.
Son dernier opus est tout simplement baptisé "50". Il a souvent traversé l'Atlantique pour enregistrer. Et c’est à nouveau le cas pour ce nouveau long playing. Qui a été réalisé au sein du studio Black Dirt, sis dans l'état de New York. Lors des sessions, il a reçu le concours de Steve Gunn (NDR : il est issu de Brooklyn). A la gratte et au chant. Ce jeune musicien de folk/rock américain assure également la production. Mais aussi de la collaboration de redoutables musicos, dont le bassiste Jimy Seitang, le batteur/banjoïste/claviériste Nathan Bowles et le guitariste/pianiste James Elkington…
"Spanish incident" se distingue par son exceptionnelle richesse sonore. Forgée par le temps, la voix colle parfaitement au style folk. Elle se détache des cordes acoustiques de la sèche et du banjo au son si métallique. "Sometimes you just drive" intègre des percussions et se distingue par la présence de cordes électriques aux sonorités floydiennes, réverbérées, en arrière-plan de la trame acoustique. Chargée de réverb, cette électricité est d’une grande pureté, presque magique même, tout au long de "The Mallard". Ce doigté me rappelle le Television de Tom Verlaine ou encore Felt, un groupe anglais de rock alternatif au sein duquel militait le talentueux gratteur insulaire, Maurice Deebank. Michael et l'Anglaise Bridget St John conjuguent leurs voix en harmonie. Superbe! Une formule qu’on retrouve lors de la finale, "Navigation". Folk song, "Memphis in Winter" décrit le mal-être éprouvé dans la grande ville du Tennessee, lorsque les conditions climatiques ne prêtent guère à sourire. Au bout de quatre minutes, les cordes électriques se détachent sur fond d'orgue. Elles entretiennent alors un climat d'épouvante, digne du Louisianais Tony Joe White. Epoustouflant ! Et la compo qui suit est aussi superbe. Une ballade intitulée "The Prospector", au cours de laquelle la voix de Michael fait merveille, alors que largement amplifiée, l’intensité électrique atteint la quintessence crazyhorsienne de Neil Young. D’ailleurs, la fin de cette longue plage laisse libre cours aux débordements de plusieurs guitares qui s’enchevêtrent… "Falling from Grace" opère un retour au folk/rock traditionnel. Un titre empreint de douceur, de beauté, et parfois tellement dépouillé. Country/folk, "Money Trouble" s’illustre par son refrain accrocheur. La voix de Michael est devenue grave et posée pour attaquer "That time of night", un morceau qu’il chante en harmonie avec Bridget St John, alors que les sonorités de la gratte empruntent celles d’une pedal steel. Très jolie piste instrumentale, "Rosh Pina" nous entraîne dans un trip acide entretenu par des grattes électriques et acoustiques. Et on soulignera encore l’excellent travail de mise en forme…