Ce quintet belge pratique une forme de country alternative, autrement dit, de l’americana. Depuis 2015, le line up réunit le chanteur/guitariste/banjoïste Bart Hendrickxs, le contrebassiste Bert Cuypers, le batteur Mike Van Daele, ainsi que les trompettistes Kevin Van Hoof et Stijn Cumps. Son premier elpee, "Fortune and Chance", est paru en 2014. "Elixir for the Drifter" constitue donc son second.
Le disque s’ouvre par une sorte de B.O. pour western spaghetti à la ‘Enio Morricone’, une piste entretenue par la guitare baritone légèrement réverbérée, les deux cuivres et un quatuor à cordes. Bien que baignant dans une même atmosphère, tout en se distinguant par sa mélodie accrocheuse, "Hold your horses" intègre la voix grave et austère de Bart. Vraiment taillée pour cette musique roots, elle ne s’emballe jamais. Il chante ensuite, d’une manière aussi posée, "Hay", tout en s’accompagnant au banjo. Une gratte amorce "Blending in", une ballade dont le tempo est parfaitement balisé par la contrebasse, alors que le vibraphone de Mike Van Daele et les deux trompettes tirent leur épingle du jeu. Superbe ! "Incantation" change de cap. Direction le Mexique. Le climat latin est chaleureux. Percus, bongos et cordes acoustiques plantent le décor. La trompette de Kevin s’y immisce. Amplifiée, la guitare s’autorise de jolies envolées. "Saguaro" est une superbe ballade empreinte d’une profonde mélancolie. Soutenus par les trompettes aux sonorités magiques, Bart et Kathleen Vandenhoudt entament un dialogue vocal. "El Fuego" opère un retour dans l’ambiance latino. Et "Grind", western. Au galop, les chevaux empruntent des chemins poussiéreux. Et c’est la guitare baritone ainsi que le quatuor de cordes qui installent cet environnement cinématographique… Une seule reprise : "Alone and forsaken". Une somptueuse ballade country & western signée Hank Williams. Les arrangements sont particulièrement réussis. Soulignée par le chœur et les trompettes, la voix est grave et solennelle. Interprété en quartet, "Stray arrow" constitue un autre moment fort du long playing. On pénètre en territoire indien. Les percus sont lancinantes. Bart se sert d’un mellotron. Mais surtout, il se libère aux cordes électriques. Alors que l’expression sonore invite un ocarina et un dobro. Dobro qui alimente, tout comme le banjo, "Tell me how", un country blues de bonne facture. Avant qu’un trombone ne vienne rejoindre les autres cuivres pour se transformer en brass band qu’on imagine déambuler dans les rues de la Nouvelle Orléans. Et en finale, la voix de Bart est épaulée par les interventions du violoncelle de Koen Berger, tout au long du tendre "Forever gone"…