Godboogie est un super groupe torontois de blues/rock. Il est drivé par Jerome Godboo, un des tous meilleurs harmonicistes canadiens. Il s’est entouré de musiciens brillants. Eric Schenkman (Spin Doctors) se consacre à la guitare baritone. Shawn Kellerman (NDR : on ne compte plus les expériences vécues par ce vétéran qui milite actuellement au sein du backing groupe de Lucky Peterson), également à la gratte et à la basse. Gary Craig (Blackie and the Rodeo Kings), aux drums. La discographie de Jerome est conséquente. Il a ainsi publié onze albums personnels, dont le dernier "Sanctuary City", avait déjà été bénéficié de la participation d’Eric et de Gary. Godboo assure l'essentiel des parties vocales. C’est également le principal compositeur. Enfin, l’opus est sous-titré "13 Upbeat Blues Funk hits!".
Le titre maître ouvre les hostilités. Il nous entraîne en Louisiane. A cause des percus, et tout particulièrement du frottoir ; mais également des interventions de Jerome qui double accordéon et harmonica. La guitare est percutante et mordante, tout au long du blues classique et particulièrement rythmé "Honey badger". "Wounded" nous emmène au cœur du Chicago Westside. Très rythmique, le riff de gratte est attaqué à la manière de Magic Sam. Les solistes sont à la fête et leurs interventions sont débridées ; que ce soit l’harmonica ou la six cordes. "It's a party" lorgne vers le funk. La voix est nerveuse face au dialogue opéré entre l'harmonica et la guitare, plutôt déjantée. Le style de Jerome est à la fois original et créatif. Il rappelle tantôt l’hyper doué Jason Ricci ou alors John Popper, le forntman de Blues Taveler. La piste se distingue par ses changements de tempo. Elle vire d’ailleurs à une jam propice au déchaînement de cordes pendant plus de 7'. Le long playing recèle deux autres jams. Tout d’abord, "Sign of the times", un blues lent frénétique et dévastateur ; puis en finale, l’épique "Tigers, horses,kings & queens", une compo qui monte progressivement en puissance, afin de favoriser des envolées d'envergure, relativement ravagées ou passées à la moulinette, dans l’esprit d’un Jimi Hendrix. Excellent blues, "Kitty" est imprimé sur un mid tempo. La rythmique est hypnotique. Le guitariste se fend d’un remarquable solo qui vous pénètre, littéralement. Le spectre de Howlin' Wolf rôde. Les solistes sont à nouveau à la fête tout au long du plus rock "So far away", une plage qui déménage. Plus roots, exotique même, "Dragon King" facilite de nouveaux envols. Séduisante, la voix de Jereome est soutenue par celle de Schenkman. Pistes indolentes et atmosphériques, "The way to Heaven" et "Call on my love" nous plongent au cœur d’une ambiance cool, donc paisible…