Sur ce dixième album, le maître de l’électro-soul s’est laissé séduire par la chaleur des beats afro. Accompagné par le trio nigérian Kabu Kabu –dont le percussionniste de Fela Kuti–, la formation jazz finlandaise s’enrobe de magie. Sensualité et efficacité se sont acoquinées pour acheminer l’expérience musicale parfois ardue de Jimi Tenor vers l’évidence et le compromis afro. Les opposants à l’easy-listening pourront ainsi y regretter les explosions à l’accoutumée bien plus désorganisées et tordues. Celles qui ont fait le génie d’un « Intervision » (1997) ou la grandiloquence de « Out of nowhere » (2000). Celles qui, d’ailleurs, lui ont peut-être valu le remerciement des labels Warp et Kitty-Yo.
Plus prévisible, « Joystone » n’est pas pour autant un album conventionnel. Le mode free-jazz nourrit son légendaire bouillonnement perpétuel ; seule véritable métamorphose, le clin d’oeil de Jimi Tenor ne puise cette fois pas dans l’expérience de sons incongrus mais dans la soul eighties, effleurée de kitsch. Les cuivres sont brûlants, les claviers fébriles, les mélodies lascives sont murmurées du bout des lèvres. Appel à la séduction. Joystone agit comme une douce étreinte que rien ne semble pouvoir troubler.