Ex-leader des Test Icicles, la formation ‘hype’ au succès le plus bref de l’histoire du rock, Dev Hynes revient aux commandes de Lightspeed Champion, un projet radicalement différent. L’Américano-britannique de 22 printemps délaisse la dance-punk pour se diriger vers un horizon beaucoup plus folk et un peu moins accessible. A priori déconcertant et laborieux, « Falling Off The Lavender Bridge » est de ces ouvrages qui s’apprivoisent lentement mais sûrement. A condition de ne pas se laisser rebuter par les intitulés des morceaux, presque aussi grotesques que la moumoute du jeune homme (« All To Shit », « Everybody I Know Is Listening To Crunk », « Let The Bitches Die », « Devil Tricks For A Bitch »).
Premier recueil de Lightspeed Champion, « Falling Off The Lavender Bridge » s’ouvre sur le splendide « Galaxy Of The Lost » aux fins accents d’americana. Devonte Hynes s’y paie les délicates vocalises de Emmy The Great, artiste folk britannique dont les chœurs, repartis sur plusieurs morceaux du disque, donnent une profondeur indéniable à l’ensemble. Cette dernière côtoie quelques membres de Tilly and The Wall (« Midnight Surprise » et l’incontournable « I Could Have Done This Myself ») mais également le grand Tim Kasher, chef de file de Cursive et The Good Life, sur l’impeccable « Tell Me What It Worth ».
Les vocalises de Hynes ont beau être proches de celles de Kele Okereke (Bloc Party) et Murray Lightburn (The Dears), Lightspeed Champion s’adresse principalement aux fans de Bright Eyes et The Good Life. Encore plus fort que la mouture originale de ce « Falling Off The Lavender Bridge », son édition limitée recèle quatre reprises qui valent le détour (« Never Meant To Hurt You » des Good Shoes, « Souvenirs » de Patrick Wolf, « Flesh Failures » de la comédie musicale ‘Hair’ et, surtout, le « Xanadu » d’Olivia Newton John). Souhaitons à Lightspeed Champion une carrière amplement plus longue et fructueuse que celle des relativement peu regrettés Test Icicles.