Dave ‘The Voice’ Walker a été, rappelez-vous, le chanteur de Fleetwood Mac ; et surtout de Savoy Brown, dans les années 70. C’est à cette époque que ce groupe a connu le plus de succès. Sous un angle commercial, bien entendu ! Et les ventes des elpees "Hellbound train", "Street corner talking" ainsi que du single "Tell Mama" ont véritablement cartonné ! Savoy Brown pratiquait alors un blues rock à la sauce américaine, mais dans le style, bien ficelé. Cet Anglais avait entamé sa carrière au cours des 60’s, au sein d’un beat group, les Redcaps. Il milite ensuite chez les Beckett et Idle Race pour y remplacer un certain Jeff Lynne (ELO). En 1971, Savoy Brown implose. Les trois-quarts du line up partent alors chez Foghat. C’est le moment choisi par notre ami Dave pour débarquer et enregistrer "Street corner talking". Et le succès sera encore plus important l'année suivante, lors de la sortie de "Hellbound train". Après avoir commis "Lions share", Dave quitte le navire et rejoint le Fleetwood Mac, le temps de participer à la confection de "Pinguin". En 1973. Un peu pus tard, c'est-à-dire en 1977, Dave transite même par Black Sabbath, pour y remplacer pendant quelques mois Ozzy Osbourne. Il disparaît ensuite quelque temps de la scène musicale, avant de revenir chez Savoy Brown. De 1986 à 1991. Il participera à la réalisation des opus "Make me sweet", "Kings of boogie" et "Alive & kickin'". Dave se retire une nouvelle fois ; mais son parcours n’est pas terminé, puisqu’en 2005, il grave sous le patronyme Dave Walker & the Ambulators, "Mostly Sonny – A tribute to Sonny Boy Williamson", en compagnie de musiciens anglais ; et notamment un des fondateurs de Savoy Brown, l’harmoniciste John O'Leary.
Ce tout nouvel album nous le replonge à sa grande époque. Celle du Savoy Brown du cœur des 70’s. L’univers sonore est fort semblable. Les musiciens ont la dégaine du Brown de l'époque. Pourtant, les deux guitaristes sont différents ; mais Sheamus Conley et/ou Jim Lewis prennent le rôle de Kim Simmonds, alors que le claviériste Rob Britten emprunte celui de Paul Raymond. Et il faut avouer que l’œuvre ne maque pas d’atouts. Ce blues-rock laidback traduit manifestement le plaisir de jouer des musiciens. Dave reflète le portrait de sa musique. Son chapeau vissé sur le crâne, il ressemble étrangement à Jean Rochefort. L'homme vit aujourd'hui à Virginia City, dans le Montana. Il est descendu dans le studio Bozeman's Peak, en août 2007, et « Walking under water » constitue le résultat de ces sessions.
‘The Voice est de retour’. La guitare de Jim Lewis ouvre "Little Susie & Mr Tight". La tonalité et le style sont tellement proches de Kim Simmonds. La section rythmique est bien soudée. L'orgue Hammond occupe immédiatement une place importante dans l'ensemble. Chaleureuse, naturelle et décontractée, la voix n'a guère changé. La musique flatte facilement l’oreille. "I can make it on my own" poursuit sur le même rythme. Un blues rock serein, guère complexe, mais dont l'impact est direct. Sheamus Conley passe à la guitare pour "Crazy baby". Le tempo est toujours modéré, un rythme qui sied tellement bien à la voix fatiguée du vieil Anglais. Pour "Walking under water", le rythme ralentit. Une composition épique, très travaillée, dans le style des années 70. La voix de Walker manifeste un certain sens dramatique. Lewis a repris sa guitare. Elle transpire une sensibilité mélodique naturelle. Britten cumule le piano et la guitare rythmique ; cette dernière occupe une place importante tout au long de cette plage modérément, blues mais tellement bien construite. Dans son développement, elle me rappelle quelque part, une autre formation anglaise, qui répondait au nom de Wishbone Ash. Intense, "Weep no more" persiste sur cette trame désespérée et lente. Lewis exécute sa partie de guitare avec beaucoup de feeling. Il s’y révèle bouleversant, tout en maîtrisant l'écho communiqué à ses cordes. "Black steel blues" marque un retour au style Savoy Brown. Conley tient le manche. Il insuffle des accents plus blues sur ce titre un rien nerveux. De manière inattendue, ce blues de bonne facture se transforme en boogie mid tempo. Lewis se concentre sur la slide. Britten reprend le piano. Et le résultat est plutôt agréable à l’écoute. Sur l’excellent blues rythmé "Girl trouble", Sheamus démontre qu’il est bien le gratteur le plus imprégné du style de Kim Simmonds. "Rabbit's foot charm" est encore plus blues. ‘The Voice’ est bien dans son élément, face au piano versatile de Britten. Cet opus attachant, s’achève par un imparable "Hard headed woman", une compo qui baigne dans le style du british blues, net et sans bavure. Un aveu : mon petit faible pour le british blues refait surface…