Buddy est texan. Il est né à Fort Worth. En 1956. En 1993, il remplace Coco Montoya chez les Bluesbreakers de John Mayall. Quinze années plus tard, il y milite toujours. Il est ainsi devenu le gratteur resté le plus longtemps auprès du vieux John, gage certain de son talent. Au cours des années 80, il drivait son propre groupe : les Sidemen. En 91, Mayall découvre les Sidemen au club Dallas Alley. Le vieux renard mentionne immédiatement le nom du guitariste ; et inutile de vous raconter la suite… Une majeure partie de l’année, il tourne en compagnie des Bluesbreakers. Le reste du temps, il vit chez lui, au Texas. Ce qui lui permet de jouer auprès de ses nombreux amis et bien sûr des Sidemen…
Ce premier elpee de Buddy s’ouvre par un véritable brûlot : "Young & dumb". Il prononce quelques phrases avant que n'éclate sa slide ; un violent coup de tonnerre libérant une puissance inouïe. Le personnage a du coffre. Son chant se met au diapason des cordes. Michael ‘Mouse’ Mayes est préposé à la seconde guitare. Il fallait s’y attendre, il donne une réplique énergique attendue. L’ex-Black Oak Arkansas, également impliqué sur le Dr. Wü Project, se révèle un partenaire de choc. "Pay the band" conserve cette force naturelle. Le chant est surpuissant. Les guitares sont à l'affût. Derrière ses fûts, Mike Gage imprime une assise rythmique idéale pour soutenir les solistes. L'intro de "Minor blues" est plus subtile. A cause du rythme syncopé réminiscent des îles exotiques. Cette excellente composition démontre l'originalité de l'écriture et met en exergue le talent sur les cordes. Buddy se révèle ici inventif, concis, léger et très adroit, pendant que Rex Mauney se consacre à l'orgue Hammond. Buddy est texan. Evidemment, il aime les bonnes guitares texanes. Plage funky, "Stevie rave on", vous l'aurez deviné, adresse un clin d'œil à l'ange disparu d'Austin, Stevie Ray Vaughan. Lors de la partie réservée au soliste, Mouse Mayes relève bien le gant. Billy Gibbons est un autre gratteur apprécié par Buddy. "Second banana" en est la plus parfaite démonstration. On croirait presque entendre ZZ Top : la voix, la manière de chanter, et puis les deux guitares qui se conjuguent à l'unisson pour concocter ce ‘rock’ ravageur et terriblement aguicheur. Whittington doit être un véritable fan du trio barbu ; car, en fin de parcours, il reprend l'un de mes titres favoris de ZZ Top. Une longue plage lente aux accents bluesy : "Sure got cold after the rain fell". Ce titre figurait sur le deuxième elpee des Texans, "Rio Grande Mud". La version de Buddy et cependant sans surprise. Proche de l’originale même. Mais elle est très belle… Deux guitares participent à l’instrumental atmosphérique, "Greenwood". Sa ligne mélodique est infaillible. Rocking R&B, "Can't be good for me" bénéficie du concours d’une section complète de cuivres. "Romance classified" constitue le moment le plus bluesbreaker de l'album. Issue de la plume de Buddy, cette plage figurait sur l'album "Stories" de Mayall. Cet opus de classe s’achève par "Every goodbye ain't gone". Le chant est passionné. Michael Hamilton siège derrière les claviers. A mon humble avis on va encore parler de ce Buddy Whittington. Un phénomène, c’est une certitude ! Je vous invite donc à fermer les yeux pour réécouter ce superbe "Sure got cold after the rain fell", un morceau empreint d’une telle tristesse, mais empreint d’une telle sensibilité et reflétant une telle beauté intérieure…