Pour enregistrer leur troisième opus, Rogue Wave a reçu le concours d’une bonne trentaine de collaborateurs, dont le producteur Roger Moutenot (Yo La Tengo, Sleater Kinney, Elvis Costello), le chanteur/guitariste/compositeur Matthew Caws ainsi que John Vanderslice. Ces deux derniers ont ainsi beaucoup participé à la confection des harmonies vocales, parfois dignes de Crosby, Stills, Nash & Young, voire de Simon & Gardfunkel, même si le timbre et les inflexions de Zach, le leader, évoquent régulièrement ceux de Robert Pollard (Guided By Voices). Une constatation que partage Gram LeBron, guitariste et claviériste du combo, à l’issue d’une interview, qu’il nous a accordée tout récemment (NDR : voir rubrique ad hoc).
Une chose est sûre, les 12 compos de cet opus ne manquent pas de charme. Sculptées dans la pop contagieuse, elles peuvent même lorgner vers les Fab Four (cette patin de drums et la tonalité de guitare sur « Lullaby » ainsi que « Cheaper than therapy » !) et même Big Country (l’hymnique « Fantasies » caractérisé par une guitare-cornemuse !). Plus étrange, « Phonytown » emprunte le rythme syncopé du Clash avant de s’élever dans les strates du Floyd circa « Dark side of the moon ». Les claviers sont légion, mais n’étouffent jamais l’espace sonore. Un dosage parfait qui leur permet même de flirter circonstanciellement avec l’électronique. Et en particulier sur « Like I needed », hanté par Todd Rundgren, à moins que ce ne soit par New Muzik. Bref, un chouette album dont les lyrics traitent aussi bien du suicide que d’écologie ; mais surtout des sentiments profonds éprouvés par la formation : leurs espoirs, leurs craintes, leurs succès, leurs tragédies, leurs moments de tristesse et de joie…