Depuis 1992, Autechre s’est imposé comme le nouveau concepteur temporel en matière de sonorités complexes. Thom Yorke considère d’ailleurs l’œuvre du duo de Sheffield comme maîtresse. Après neuf albums, « Quaristice » constitue sans doute l’opus le moins significatif de leur travail, par rapport aux excellents « Confield » et « Draft 7.30 ». Moins distordu et moins ténébreux que leurs précédents essais, « Quaristice » est à consommer morceau après morceau, et non dans son ensemble. Sean Booth et Rob Brown insistent bien sur le fait que les vingt titres sont autant de leçons à expérimenter. Mais si la technique semble ici primer, il n’en reste pas moins que leur nouvel essai est également le plus accessible. Et pour cause, ils ont travaillé à l’aide de leur matos utilisé en ‘live’, délaissant ainsi leur premier outil de travail, l’ordinateur.
« Altibzz », « Simmm » ou encore « Bnc Castl » sont les nouvelles recettes d’un Autechre métamorphosé. Des morceaux courts, très courts, aux beats bien moins présents et parfois même absents par rapport aux autres œuvres du duo le plus discret de la péninsule. Ce qui risque peut-être de décevoir les fans de la première heure…
N’empêche, « Quaristice » démontre une nouvelle fois tout le savoir faire et la largeur d’esprit des deux coqueluches du label anglais Warp. Pour la toute première fois, Autechre semble vouloir sortir de l’obscurantisme et du chaos au sein duquel il semblait se complaire, jusqu’à ce jour. On est souvent étonné du résultat, parfois même on se montre sceptique devant cette nouvelle orientation. En fait, tout dépendra de voir, comment la paire va maintenant transposer cette métamorphose en ‘live’. Alors, Autechre incarnerait-il le véritable symbole de la sonorité temporelle ? La question reste posée…