Ce duo nous vient de Fort Wayne, dans l'Indiana. Mais en écoutant attentivement leur album, on finit par détecter les références de leur musique. Car manifestement, elle balayée par le souffle des collines du Nord Mississippi. A cause des sonorités dispensées. Déjantées. Réminiscentes de leurs lointains parents de chez Fat Possum! Joe Evans, alias Freddy J IV, chante et joue de la slide. Brenn Beck siège derrière sa batterie rudimentaire et sa panoplie de percussions. Difficile quand même de définir leur style. Sans trop prendre de risque on pourrait le décrire comme du heavy/boogie/punk/blues. Enumération à écrire dans l'ordre ou le désordre. Au choix. Une solution sonore manifestement primaire, sale, sans guère de production. En prise directe. Et pour cause, les prises de son en studio se sont déroulées comme si la formation affrontait son public, au sein d’un vieux juke joint enfumé. Brenn, le drummer, n’hésite jamais à en rajouter, une couche. Et même plusieurs. Il est d’ailleurs surnommé ‘Sausage paw’. Un véritable déménageur !
Frénétique et parfaitement intégrée dans le Sud profond, la musique de LLC puise donc bien des sources dans le Delta du Mississippi. Dès les premiers accords de "Wash it", la slide s'enfonce dans nos oreilles. Bien en profondeur. Elle n’en sortira plus qu’en fin de parcours. Et si d'aventure, elle s’autorise une pause, Brenn prend immédiatement le relais, histoire de nous asséner de violents coups percussifs. Un véritable enfer ! Pas le temps de reprendre son souffle et on embraie sur la plage suivante : "Set me down". Brenn doit avoir des bras en acier. La slide s'éclate. Et la pause de brève durée sert de tremplin aux deux possédés, déterminés à aller aux bout de leurs forces. Boogie ravagé, "Pork n' beans" aurait pu relever du répertoire de ZZ Top. Mais un ZZ Top, passé en enfer. Tout brûle en ce lieu maudit ; mais cette slide est tellement dense, qu’elle vous envoûte, vous pénètre, vous met à nu. "Big Momma" adopte un schéma semblable. Un boogie rageur, proche de la démesure. Les douze chapitres de cette aventure défilent en un éclair et sans jamais susciter le moindre ennui. Une homogénéité dans l’intensité et l’agressivité. La musique ne souffre pourtant pas d’une quelconque uniformité. La fureur constitue le dénominateur commun. Et reconnaissons qu’une plage comme "KFD" nous la ramène dans des limites plus sensibles. Brenn souffle dans un harmonica aux tonalités fantomatique. Le doigt d'acier fait vibrer les cordes, durant de brefs instants. Freddy y révèle un potentiel inattendu, empreint de délicatesse tout en surfant sur les différentes modulations de l'espace sonore. "Justify" émarge presque au punk. Enfin, surtout le chant. Le rythme épousant plutôt un Bo Didley beat. "Busket" et "Amerika" affrontent du garage punk. Le combat terminé, le tandem nous abandonne blêmes et livides. Et impossible de reprendre sa respiration. La paire impressionne lorsqu’elle se met à table. Elle avait démontré cet art culinaire, en avalant le plat de "porc et haricots". Et le confirme tout au long de "Amy's in the kitchen", une plage au cours de laquelle les riffs de la slide nous dévorent. En finale, "Heavy" reflète parfaitement son titre. Un opus à conseiller vivement aux fans des Black Keys ou encore North Mississippi All Stars. Remuez-vous, la musique continue!