Vincent Delerm : un être désabusé et solitaire, à la limite de la misanthropie? Détrompez-vous, l'homme a plein d'amis, et des amis qui chantent en plus. Lors de son passage à la Cigale, ce portraitiste de société s'est offert chaque soir un mini-karaoké entre potes, sur des airs qu'il affectionne.
« Madame, c'était bien » est entre autres mis à l'honneur. Parce que oui, Vincent Delerm aime Reggiani et Bourvil. Méfiez vous du tranchant de l'album, car décidément il guillotine les préjugés sur le chanteur parisien. Inconditionnels de ce narrateur de notes, ne tremblez pas pour autant. Quel que soit l'air d'origine et le tempo, l'interprète ne s'allège pas de son phrasé caractéristique.
Si le coup de soleil qu'il se prend dans les bras de Valérie Lemercier ne risque pas de faire rougir Richard Cocciante, certaines reprises parviennent à réinventer la force d'origine. En binôme et sur piano appuyé, « Quoi » (avec Cali) tient la route. Et quand la malicieuse Irène Jacob déploie son exubérance souriante sur « Désir, désir » même Delerm semble se dandiner de plaisir. Premier rôle masculin d'un casting soigné –Souchon, Charhal, Bénabar, Renaud, Biolay et passons-en– l'artiste gagne en vitesse, en potentialités. Et si les prestations font rarement oublier les originaux, des arrangements intimistes naissent de nouveaux équilibres qui méritent d'être écoutés.