Pour pouvoir grandir, un groupe doit pouvoir changer, se métamorphoser même. Sans quoi, il risque de mourir. Apparemment, le duo anglo-américain de The Kills l’a bien compris, et le démontre sur son nouvel opus, « Midnight Boom ». D’une manière surprenante, il vient d’ouvrir une boîte de Pandore emplie de changements radicaux ! Après s’être alimenté au punk 60’s et abreuvé de scène newyorkaise, VV et Hotel on décidé de tourner la page en invitant Alex Epton aka Armani XXXchange, producteur et moitié de Spank Rock, pour enregistrer cet opus. Une collaboration qui semblait à l’origine improbable. Pourtant, par magie, ce dernier a réussi le pari de fusionner le punk minimaliste et le hip hop. Et il faut reconnaître que le résultat de cette fusion est plus que satisfaisant.
Retirés du monde cosmopolite, Jamie et Alison se sont donc frottés pour la toute première fois à l’informatique, une technique pratiquement absente sur leurs deux rondelles précédentes. Et en particulier le ténébreux « No Wow », paru en 2005. A premier abord plus pop et charnelles, les sonorités électroniques entretiennent paradoxalement le climat âpre et violent des compos. Des compos orchestrées intelligemment. D’ailleurs, le duo est ici parvenu à dépasser la barre des deux accords. « Cheap and Cheerful » illustre le mieux ce virage à 180°. A cause de cette rythmique discoïde punk qui balise parfaitement la voix féline d’Alison. Plus garage, « Last Day of Magic » met davantage en valeur la guitare. Décalée, elle libère une énorme dose de passion. Et le reste ne manque ni d’intérêt ni de malice. Pourtant, si l’expérience vécue semble manifestement avoir été enrichissante, la collaboration entre Epton et Alison Mossahrt, n’a pas toujours été de tout repos. Un conflit de personnalités, sans doute…
Certains vont adorer. D’autres détester. Une chose est sûre, personne ne pourra rester indifférent à l’écoute de ce « Midnight Boom ». Personnellement, passé le trouble provoqué par l’évolution du combo (NDR : j’en connais qui vont tomber le cul par terre), je l’ai trouvé excellent. The Kills vit chacun de ses projets à 200%. Il s’implique. Que ce soit au cœur d’un punk chaotique ou lors de ses expérimentations. Et à ce titre, il mérite le respect.