Rod Piazza est incontestablement une des valeurs sûres du blues contemporain. Que ce soit sous son patronyme ou à la tête de son Mighty Flyers Quartet, ses aptitudes n’ont jamais été remises en question. Quarante ans plus tôt, il accomplissait ses premiers pas chez le Dirty Blues Band. Mais c’est à la fin des sixties, qu’il a commencé à recueillir une notoriété internationale. En militant au sein de Bacon Fat, une formation multiraciale impliquant son ami et idole George ‘Harmonica’ Smith, un Chicagolais émigré sur la West Coast. Il lui faudra presque une décennie pour monter une nouvelle formation. D'abord baptisée Chicago Flying Saucer Band, elle épousera rapidement le patronyme des Mighty Flyers. Un ensemble au sein duquel vont défiler quelques gratteurs absolument géniaux. Depuis, il se produit très régulièrement en Europe. Sans oublier d’entretenir une carrière discographique conséquente ; que ce soit en solo ou flanqué de ses Mighty Flyers. Il a d’ailleurs aligné toute une série d’albums sur des labels de qualité aussi notoires que Black Top, Blind Pig, Tone Cool et aujourd'hui Delta Groove. Cet elpee se focalise sur des compos sans la moindre partie vocale. Une collection éditée par les Piazza. Elle est d’ailleurs disponible sur son site web! Rod jouit d’une réputation de musicien talentueux, mais c’est avant tout un instrumentiste. Pas étonnant que ses albums regorgent de plages instrumentales. Il puise d’ailleurs ici dans ce type de répertoire, concocté au cours des vingt dernières années.
L’album s’ouvre par le saignant "The upsetter". Un fragment paru à l’origine sur son opus solo, "Harpburn". A l’instar de "Stratospheric" et "Cold chill", inclus également sur cette plaque. Sous-titré "Blues for George", "4811 Wadsworth" campe un blues très lent. L'instrument chromatique y rend un vibrant hommage à Smith. Le cd recèle quelques slows blues de bonne facture. Et en particulier "Ghostlin'" et "West Coast Midnite Blues". Lorsque sa musique déménage, Piazza affiche beaucoup de classe, sans pour autant négliger l’originalité. A l’instar de "The bounce", "Snap crackle hop", "Greasy foot" et "Harpthrob". Des morceaux figurant respectivement sur "Alphabet Blues", "ThrillVille", "Here and now" et "So glad to have the blues". Parmi les titres qui m’ont fait le plus flasher, je retiendrai le puissant, dynamique et mélodique "Deep fried" (issu de "California blues"), une compo au cours de laquelle la conjugaison de tous les instruments atteint un véritable sommet. Et puis l'explosif "The teaser", un titre au cours duquel Rod démontre toute la puissance de son souffle. Et son intervention à l'harmo chromatique sur "West Coaster" est aussi brillante ! Cette superbe collection s’achève par "Nite's end". Nous sommes au bout de la nuit, prêts à s’assoupir, lors de ce blues laissé en héritage par George Smith. Heureusement, les musiciens veillent encore tous au grain. La charmante Honey siège derrière son piano. Alex Schultz se réserve la guitare, tandis que la section rythmique s’illustre par son efficacité. L’elpee recèle deux plages inédites. Elles sont issues des sessions enregistrées live au BB King's Club (NDR : elles figurent sur un elpee paru chez Big Mo). Il s’agit probablement de "Scary boogie" et "Eliminator", deux titres franchement impressionnants. Alex Schultz y est souverain à la guitare.