Après “Mass Romantic” en 2000 et “Electric Version” en 2003, les New Pornographers nous proposent leur troisième opus. Le leader Carl Newman nous avait quand même permis de patienter en commettant, l’an dernier, un excellent album solo intitulé « The slow wonder ». Et l’attente n’aura pas été vaine, car cet elpee est tout bonnement remarquable. Remarquable, mais extrêmement difficile à décortiquer. Il a d’ailleurs fallu une bonne dizaine d’écoutes pour pouvoir en dessiner les caractéristiques majeures. Petit rappel : The New Pornographers n’est pas un véritable groupe, mais un collectif à géométrie plus ou moins variable au sein duquel militent - notamment - David Bejar (Destroyer), Neko Case et A.C. Newman. Plus d’une dizaine de musiciens issus du Canada - de Vancouver très exactement - rejoints depuis peu par la nièce de Newman, Kathryn Calder. Mais si la formule est très proche d’Arcade Fire ; musicalement on pénètre dans un tout autre monde. Ce qui frappe d’abord chez les N.P., ce sont les harmonies vocales. Limpides, hymniques, contagieuses ou glamoureuses, elles peuvent évoquer tour à tour les Beach Boys, Chumbawamba, Squeeze ou encore les Sparks. Exception qui confirme la règle, « Falling through your clothes » échafaude des chœurs cycliques, comme chez Gentle Giant dans sa phase la plus prog. Et puis les mélodies. Capables d’épouser un profil aussi baroque que chez les frères Mael. A cause des sonorités allègres, si particulières du piano. Et je pense tout particulièrement au titre maître, à « Use it » ou encore au superbe « Jackie dressed in cobras ». Deux titres lorgnent cependant vers la power pop complexe, convulsive d’XTC : « Star bodies » et puis « Three of four », même si tout au long de ce dernier fragment on perçoit des réminiscences de Tubeway Army. Enfin si en finale, le disque (NDR : découpé en 14 plages) recèle en « Stacked crooked » une compo plutôt insolite impliquant électronique, trompette mariachi, intonations vocales laconiques à la Ian Brown et chœurs diaphanes, le reste de la plaque ne manque pas d’allure. Mieux encore, la richesse et la cohérence de ce « Twin Cinema » ne peuvent déboucher que sur une seule conclusion : un must !