Ne pas croire qu’on en saura davantage sur Pinback : ces gars-là ne lâcheront pas le morceau, même après une nuit de défonce (cfr interview). Leur musique se suffit à elle-même : la belle affaire, certes ; mais dans leur cas elle devrait largement nous suffire. Qu’on ne comprenne que pouic à leurs " métaphores de métaphores " n’enlève rien à la beauté sourde qui suinte de leurs opus. Et celui-ci vaut bien les deux premiers, car pour une fois Rob Crow et Zach Smith s’épanouissent et touchent à l’essentiel : on les croirait presque heureux, c’est dire… " Summer In Abaddon " est donc l’album le plus abouti de Pinback, le plus jusqu’au-boutiste aussi. Leur style, inimitable, n’a jamais si bien sonné : encore une fois l’on se perd dans les méandres rythmiques de ces complaintes douces-amères, mais ce qui change est qu’ils osent enfin la ligne claire, l’audace presque pop (" Fortress "), voire rock (" AFK "). Certes, on parle ici de décalage : Pinback ne sera jamais le groupe de pop ultime, à chantonner sous la douche. Il est bien plus subtil. Donc infiniment plus touchant. Qu’on se rassure : Pinback reste ce groupe atypique, qu’on chérit en secret. Mais pour la circonstance, on aimerait le partager, parce qu’il est temps de le reconnaître : ces types sont, dans leur genre (unique), de vrais petits génies.