En choisissant pour pseudonyme Syd Matters, Jonathan Morali ne pouvait que vouer une grande admiration à Roger Barrett. Et refléter cette passion à travers sa musique. Seule différence, il ne se contente pas de gratter sa six cordes, mais caresse régulièrement vers le clavier, tire parti d’une boîte à rythme et surtout, a recours à la technologie moderne. Hormis « Black and white eyes », fragment pour lequel il s’est entouré d’un véritable backing band, Morali fait pratiquement cavalier seul tout au long de cet opus. Son premier ! Un disque dont les chansons empreintes de mélancolie brumeuse sont soulignées par son timbre vocal éraillé, tellement proche de Mark Olivier Everett. A un tel point que parfois il lui arrive d’emprunter le sens mélodique d’Eels. L’ombre de Syd Barrett est donc bien présente, mais aussi de Gorky’s Zygotic Mynci. En particulier sur les plages les plus minimalistes. Mercury Rev et Flaming Lips aussi. Dès que les arrangements et les orchestrations épousent une forme plus complexe. A l’instar du remarquable « Dead machine ». Ce périple à travers le psychédélisme nous propulse même, nonobstant son clin d’œil à Grandaddy, dans l’univers floydien de « More », sur un étonnant « Bones ». Et les oscillations du clavier n’y sont pas pour rien ! Des oscillations que le lugubre et ‘cathédralesque’ « Morpheus » conjugue sur un mode Eyeless in Gaza. Une composition dont la mélodie refait surface lors du morceau caché. Un seul titre s’écarte de l’ensemble : « Stone man ». Low tech, contagieux, il me fait même pense à Taxi Girl. Un chouette album habillé d’un superbe digipack.