Ils s’appellent 65daysofstatic, et ‘personne ne les stoppera’ (cfr livret) dans leur conquête d’un territoire déjà bien balisé : le post-rock. Parce que ces quatre Anglais de Sheffield croient qu’ils ont sans doute inventé un nouveau (sous-)sous-genre : le post-rock drill’n’bass ou un truc qui y ressemble. Car au lieu de répéter à l’envi la formule consacrée du dit style (‘ça pète, ça pète plus, ça pète’ ou ‘ça pète pas, ça pète, ça pète plus’), les 65daysofstatic ont préféré y injecter une bonne dose de breakcore à la Venetian Snares. Autrement dit : ici les guitares demeurent épileptiques, mais elles sont chahutées par de gros beats acides en pleine rupture d’anévrisme, tendance Rephlex/Skam/Planet Mu. Le moins qu’on puisse écrire c’est qu’au début l’on reste coi, devant tant de puissance rythmique. Et puis on pense au monde qui nous entoure, surtout le matin, quand les oiseaux piaillent. On l’imagine alors sous une bulle de verre, à l’abri des nuisances. L’homme, lui, est ‘enfermé dehors’ : il contemple ce jouet qu’il aimerait secouer, et puis s’y frotte, comme s’il était un essuie-glace. Un peu défectueux parce qu’il n’est pas parfait, son mouvement d’aller-retour sur la paroi solide provoque de légers crissements, stridents, désagréables. Dans sa tête résonne « The Fall of Math », et il se dit qu’il l’a échappé belle. Parce que sous le bocal où frétille ce qu’on appelle l’humanité, on l’entend bien, cette musique de chez GB. Les ‘Linkin’ Park du post-rock !!!’, semble crier la pub. Puis l’homme, aigri face à cette mascarade, brise la glace et libère le monde. Happée par l’appel d’air, la musique disparaît. L’homme se réveille : c’était juste un cauchemar. Il s’était endormi en écoutant « The Fall of Math ». Un nouveau jour commence.