Originaire de la Caroline du Sud, Mac Arnold est un musicien de couleur noire. Il prétend avoir réussi tout ce qu'il a entrepris. Faut dire qu’il fabrique ses guitares, joue de la basse, chante et compose. A une certaine époque, il militait au sein du backing group de James Brown. Et lorsqu’il vivait à Chicago, il a épaulé Muddy Waters et John Lee Hooker. Enfin, il a exercé des métiers aussi disparates que producteur, jardinier, cuisinier et caméraman. Une existence bien remplie, il faut le reconnaître. Depuis peu, il s’est remis au blues ; cependant, pour réaliser ses desseins, il a recruté des musiciens pour lesquels il préparait des petits plats. Ce qui explique sans doute le patronyme de son band : le Plate Full O'Blues. Mac est un personnage très attachant et fort intéressant. Il signe les quinze plages de ce second elpee. Ses musiciens sont tous blancs et jouissent d’un excellent niveau.
"Love & relations" ouvre l’opus. Un blues d’excellente facture de plus de sept minutes. Mac possède une très bonne voix. Veloutée, grave, elle correspond idéalement au style soul blues. Ses partenaires le secondent parfaitement ; et tout particulièrement le guitariste Austin Brashier. "U dawg gone right" épouse un profil bien funky. L’ensemble tout en rythmique porte l’organe vocal riche et suave d'Arnold. "Backbone & Gristle" hausse le tempo. Un boogie chatoyant. "Blow till you blow" campe un instrumental tranchant. Mac se réserve la basse. Multi-instrumentiste (il est également claviériste et guitariste rythmique), Max Hightower tire son épingle du jeu. Mais à l'harmonica. Son jeu est vigoureux, rapide, dynamique, offensif. Merveilleux blues lent, "I refuse" trempe dans le minimalisme. La voix de Mac domine son sujet. Elle exhale une grande sensibilité. Jim Peterman se charge de l'orgue Hammond. Discret et parcimonieux aux six cordes, Brashier emprunte des tonalités à Peter Green. Mac est seul pour nous raconter sa "Gas can story" ou comment son frère William Leroy Arnold a construit une guitare à l’aide d'un bidon métallique de pétrole, en 1947. Il chante en frappant du pied, arrachant de cette gratte acoustique des cris métalliques et déchirants. "Gitty up" marque un retour à l'amplification. Une plage qui a le mors aux dents. A cause du riff rythmique et du piano primaire. Et puis de Brashier qui malmène sa râpe comme le Clapton des sixties. "Things I don't need" concède un nouveau blues lent. La voix chaleureuse est talonnée par les ivoires et la guitare réverbérée. Soul blues très dépouillé, atmosphérique, "Buster" lorgne volontiers vers le jazz. Aussi bien la basse, les balais, le piano que l'harmonica joué par Hightower à la manière de notre Toots. Purifiée par le gospel, "I can do anything" est une plage fort intéressante. Mac est soutenu par les voix polyphoniques du New Mount Cavalry Baptist Church Youth Choir. Une chanson très susceptible d’être reprise en chœur. Le piano de Steve Keeter est bien présent. La guitare d'Austin s’investit tout en mélodie. Blues basique mais, acoustique, "The garden song" est partagé entre les vocaux de Mac, l'harmo de Max et les cordes d'Austin. Le vieux musicien noir reprend sa 'Gas Can' guitare pour nous plonger dans le Delta de "Wrong". Les deux dernières plages ont été aux immortalisées ‘live’ au ‘1st Annual Mac Arnold Cornbread & Collard Greens blues festival’. En avril 2007. Et elles sont excellentes. Tout d’abord le splendide slow blues "Mean to me". Face aux percussions métronomiques de Willie ‘Big Eyes’ Smith, la slide de Bob Margolin –invité pour la circonstance– est bouleversante. Et puis une version live de "I can do anything", caractérisée une nouvelle fois par toute une chorale sur la scène! Je vous recommande chaudement cet album ; et pas seulement parce qu’il s’agit d’une œuvre enregistrée par une grande voix du blues!