Slaid Cleaves pourrait être comblé: excellent guitariste et doté d’une voix magnifique, il est parvenu à se tailler une place au soleil dans la scène musicale d’Austin. Mais voilà : après deux albums (« Broke down » et « Wishbones »), et une renommée flatteuse, le songwriter choisit d’emprunter un autre chemin que celui alors tracé en solitaire. Car « Unsung », c’est avant tout l’envie de faire la part la belle aux amis, collègues, frères et sœurs d’armes. Ce sont treize chansons interprétées par d’autres songwriters dans son salon ou dans les bars. Treize titres folks, aux accents country, dignes héritiers de Woodie Guthrie, Johnny Cash et Hank Williams. Treize deuxièmes naissances pour ces morceaux qui brillaient dans l’ombre… Les grands moments de l’album sont signés par Steve Brooks (« Everette », et son tempo désinvolte), Karen Poston (« Flowered Dresses » où piano et violoncelle viennent saluer la disparition à petit feu d’une belle héroïne) ou David Olney (« Millionaire » ou l’éloge de la dignité). Et si, à première vue, on peut s’inquiéter de la cohérence de l’album, c’est sans compter sur la grâce et l’élégance de son géniteur. En reprenant des chansons qui auraient probablement disparues, Slaid Cleaves signe un recueil poétique désormais classique, dans la pure tradition d’auteurs tels que Townes Van Zandt. ‘That’s just what poets do’…