Ce premier volume revisite les années 1978 à 85. Dès les premières notes du morceau qui ouvre l’elpee, "Hittin' heavy", nous reconnaissons la présence - excellente par ailleurs - de l'inoubliable Michael Mann, alias Hollywood Fats. Il est même soutenu par son band de l’époque pour cet instrumental bien nerveux ainsi que lors des six plages suivantes. Tout d’abord sur "Blues afterwhile", un autre instrumental très fin de soirée. Déjà une leçon de ce que Smith avait appris à Clarke. Il y manifeste énormément de sensibilité. Mais c’est bien le souffle brûlant du blues qui est ici répandu. Fats et le pianiste John Detherage conjuguent avec bonheur ce blues de l'âme. Le "Diggin' my potatoes" de Leadbetter est imprimé sur un tempo alerte. William chante ; cependant c'est surtout son talent fou à l'harmonica qui nous souffle! Un fantôme passe : la voix chaude de George Smith interprète son "Teenage girl", véritable sommet de cette collection. Smith a conservé sa musique à bouche dans la poche. Ce diable d'homme sait que le souffleur rêvé pour le seconder est bien Bill Clarke. Il se montre insatiable dans l'arrière scène et se réserve un solo dans les aigus vraiment pas piqué des vers. Un privilège qu’il nous accorde l’espace de cinq bonnes minutes! "So all alone" démarre sur un mode funky avant de s'emballer dans le meilleur des Chicago blues. Les fans d'Hollywood Fats seront aux anges en découvrant "Come on baby". Du pur west coast jump qui n'a pas pris une ride. La musique pratiquée par ces jeunes blancs à L.A., fin des 70s, est décidément d'un niveau très élevé. George Smith est à nouveau présent pour chanter "Teardrops fallin', un nouveau slow blues très Chicago Southside, parcouru par la slide de Craig Printup. William est étincelant tout au long de "Blowin' my nuts", pendant que la section rythmique - constituée de Al Bedrosian à la basse et Matt Goodwine à la batterie - produit un groove incroyable. Fats revient gratter ses cordes sur "The little girl I'm lovin", un blues lent généreux au cours duquel Clarke chante vigoureusement face au piano de James Borden. Les quatre dernières plages remontent aux années 80. Plusieurs invités de marque y collaborent. Une belle preuve que Clarke était un musicien confirmé qui faisait autorité dans les milieux branchés blues de L.A. Smokey Wilson se réserve les vocaux sur l’excellent "Fine little mama", une compo puissante mais festive. Une véritable propagande pour le blues à laquelle participent Rick Holmstrom, alors très jeune guitariste, Fred Kaplan au piano, Willie Brinlee à la basse et Eddie Clarck aux drums. William chante autoritairement et avec assurance le slow blues "Give me back that wig" face aux ivoires de Kaplan. Son jeu à l’harmonica amplifié est d'une puissance impitoyable. Dernier invité, Cardell Boyette pose la voix sur son "I miss you so" soutenu par Zach Zunis et Steve F'dor. Cette collection fort intéressante s’achève par "Gina's Groove", un instrumental probablement dédié à Gina, la fille de Bill. Une compo qui réunit toutes les caractéristiques inhérentes au génie de ce souffleur légendaire.