Non, il ne s’agit pas d’un best of comme le titre le laisse supposer, mais d’un nouvel album de Chan Marshall. Son septième. En fait, « The greatest » est le morceau maître de cet opus, une chanson qui rend hommage à Mohammed Ali. Ce qui explique la présence de gants de boxe sur la pochette. Pour enregistrer cet elpee, Chan s’est rendue à Memphis. Soit dans le berceau de la soul sudiste. Elle a ainsi pu bénéficier du concours de collaborateurs particulièrement huppés ; et notamment des musiciens d’Al Green et de Booker T & The MG’s. Etonnant pour l’égérie ultime du mouvement lo-fi yankee. Bref, si ce disque n’est pas encore de la trempe d’un « You are free », paru en 2003, il s’avère de bonne facture et recèle d’excellentes plages. Bien sûr, vu le contexte au sein duquel les sessions d’enregistrement se sont déroulées, le blues, le jazz et surtout le rythm’n blues sont beaucoup plus présents. Ce qui n’empêche pas Chan de se réserver l’une ou l’autre compo plus minimaliste. Le plus souvent en s’accompagnant d’un piano honky tonk ; nous donnant même parfois l’impression qu’elle se produit dans un bar enfumé (« Willie », « After it all » et ses sifflotements guillerets). Mais aussi à la guitare électrique. A l’instar du sombre et minimaliste « Hate ». Cependant, l’essentiel des morceaux de cette plaque surprend par sa richesse instrumentale. Arrangements de cordes soyeux, claviers poussiéreux, piano électrique et drums syncopés, cuivres gominés ainsi que guitare électrique ronflante (« Love & Communication »), tissent la trame sonore pendant que Chan y pose sa voix sensuelle et voilée, dans un registre qui me fait tantôt penser à Janis Joplin, tantôt à Melanie, mais sans jamais monter dans les aigus. Sur « Islands », une des deux compos fondamentalement country, le spectre de Hope Sandoval (Mazzy Star) se met même à planer.