Victime d’un accident de circulation à 19 ans –alors qu’elle circule en bicyclette, elle est renversée par une voiture, et s’en sort avec de multiples fractures– Melody Gardot porte encore aujourd’hui les séquelles de cette mésaventure. Souffrant de névropathie, elle s’aide d’une canne pour marcher, porte des lunettes fumées et doit régulièrement avoir recours à un stimulateur pour soulager ses douleurs névralgiques. Et finalement, c’est à l’initiative de son médecin qu’elle a décidé de composer. C’est bien connu, la musique constitue une thérapie universelle. Sa carrière musicale a commencé à l’âge de 16 ans. Elle se produisait alors le week-end dans les bars. Et son répertoire était alors constitué de reprises (Duke Ellington, Mamas & The Papas, Radiohead, etc.)
Après avoir concocté un premier Ep intitulé « Some Lessons - The Bedroom Sessions », elle nous propose son premier elpee. Et il faut reconnaître que pour une artiste de 22 ans, le résultat est assez probant. Un disque pour lequel elle a reçu le concours de musiciens notoires. En l’occurrence le guitariste Jef Lee Johnson (George Duke, Aretha Franklin), le claviériste Joel Bryant (Aretha Franklin, Harry Connick Jr.), et le trompettiste Matt Cappy (Jill Scott, Kirk Franklin). Evoluant quelque part entre pop, trip hop, blues et jazz (surtout !) les dix plages de cet opus nous plongent au cœur d’une ambiance feutrée, nightclubienne, apaisante. Etonnant lorsqu’on sait que les lyrics sont parfois douloureux (NDR : le titre maître !), reflétant l’inévitable mal-être de l’artiste. Pourtant, bercé par le timbre velouté, sensuel, indolent de Melody, rappelant parfois Norah Jones voire Diana Krall, on ne peut que succomber à un tel charme et à un tel enchantement.