Créé en 2006, Empyr a déjà fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, ses membres affichent une fameuse carte de visite. Le line up implique ainsi Benoit Poher (Kyo) au chant, Florian Dubos (Kyo) au chant et à la guitare, Frédéric Duquesne (Watcha) à la guitare, Benoît Julliard (Pleymo) à la basse et au chant ainsi que Jocelyn Moze à la batterie. Rien d’étonnant dès lors que les majors se soient précipités pour signer le jeune groupe. Finalement, c’est SonyBmg qui a remporté la palme. Et c’est sous son égide que vient de paraître leur premier elpee, intitulé « The Peaceful Riot ».
Première surprise, Empyr a choisi de s’exprimer dans la langue de Shakespeare, histoire de dépasser le cadre de son territoire hexagonal et de ses quelques satellites perdus à droite et à gauche. En outre, il a pris soin de concocter des textes plus intelligents. L’aventure Kyo a suffisamment souffert de cette carence ; et puis au fil de l’âge, la maturité s’acquiert naturellement.
Musicalement, leur rock est puissant, énergique, très ‘heavy’, flirtant parfois avec le screamo ou le neo metal ; mais elle se limite au flirt ! Car on y retrouve également des climats atmosphériques dignes des Deftones et un sens mélodique emprunté tantôt à Radiohead, tantôt à Smashing Pumkins. Ajoutez-y quand même une bonne dose de piment. Bien sûr, Empyr n’offre rien de neuf ; et vu le nombre de groupes militant au sein de cette catégorie, on aurait plutôt tendance à faire la moue. Cependant, si ce combo ne débarque pas d’outre-Atlantique, c’est bien au pays de l’Oncle Sam et sous la houlette de Ken Andrews (A Perfect Circle, Beck, Jimmy Eat World) que les douze plages –d’une longueur totale de 50 minutes– de The Peaceful Riot ont été enregistrées et produites. Le son est d’ailleurs plus léché et franchement différent de ce qui nous est proposé chez nous. Alors, ouvrez grands vos pavillons !
L’album s’ouvre par “God Is My Lover”. Guitare et voix plantent le décor. La basse entre en scène et augure une suite plus musclée. Il faut une bonne minute avant que le reste du groupe ne rejoigne les éclaireurs. Mais à cet instant, plus rien ne les empêche de lâcher la purée, définissant ainsi une fois pour toutes le style musical d’Empyr. Plus pop, « New Day » constitue le titre radiophonique de l’elpee. “Birth” porte encore les stigmates d’un certain passé. Celui du chanteur. Sans pour autant être calqué sur son ancien projet. L’ambiance est plus calme, mais en même temps triste et sombre. Elle invite l’auditeur à entrer pleinement dans cet univers et à s’y identifier. Malgré la mélancolie qui en émane, “Birth” est probablement un des titres qui boosteront nos rockeurs en avant. “Tonight” et “The Voice of the Lost Souls” déménagent davantage. Au cours de ce dernier morceau, Benoît Poher hurle dans un style neo-metal, alimenté par des guitares décoiffantes. Et la ballade “Forbidden Song” nous réserve un peu de calme (NDR : avant la tempête ?), même si elle monte judicieusement en puissance et en temps opportun.
Dans l’ensemble, “The Peaceful Riot” est un disque de bonne facture. Les parties vocales sont parfaitement équilibrées. Le tracklisting ne souffre pas d’une trop grande linéarité et évite surtout d’enchaîner des plages trop semblables. Enfin, la production est irréprochable. Reste à savoir si ces qualités techniques seront suffisantes pour compenser la carence d’originalité. C’est au public d’en décider. Toujours est-il qu’Empyr a probablement encore de beaux jours devant lui.