Tapes’N Tapes était parvenu à extraire le pur plaisir du rock urgent mais toujours mélodique sur « The Loon ». Un condensé d’énergie tirée par des mélodies indélébiles, une impeccable batterie, la voix touchante de Josh Grier. Aisé, sans détour et résistant, pour un album qui ne s’effiloche pas d’écoute en écoute. Autant ne pas nier les attentes perchées à l’annonce de ce second album des Américains. « Walk it off » n’emprunte pourtant pas la formule de la jouissance immédiate. Le chemin est plus approximatif. Tortueux quand l’atmosphère lo-fi achemine des guitares trop saturées (« Ruse », « Headshock »), incongru quand le rythme ralentit pour s’éprendre d’une émotion presque romantique (« Conquest », « Say back something »). On n’est plus dans la course effrénée du ‘c’est à prendre où à laisser’ ; « Walk it off « prend des pauses, questionne, s’attarde sur des états d’âme, tâtonne, expérimente. Mais ce que l’album gagne en innovation, il le perd en détermination. « Blunt » grimpe en crescendo vers un psychédélisme aussi essayiste que douteux, tandis que les cinq derniers morceaux, largement dispensables, déforcent l’ensemble. Un simple E.P., concentrant le meilleur, aurait été salutaire pour rester sur l’efficacité et l’ardeur si conquérante du premier album. Mais sur sa longueur, « Walk it off » finit par perdre toute conviction. Reste l’imparable single « Hang them all », pour réminiscence du potentiel ensommeillé des Tapes’N Tapes.